mardi 28 février 2017

Langage et décisions: un cognitif qui rame




Il y a longtemps que je voulais écrire sur ce sujet: les lapsus étranges ou les phrases étonnantes qui sortent parfois de notre bouche quand on parle et que l'on vit avec l'EM.

Avez-vous déjà fait cette expérience? Moi oui, à plusieurs reprises.  Le fait est que je trouve ça curieux, parfois amusant, et bizarre. Ces derniers temps, quand ça m'arrive, je tente d'en écrire quelques-uns avant qu'ils ne tombent dans la trappe de ma mémoire défaillante. 


Voici les expressions que j'ai réussi à capter:

"Ces vêtements sont pour écorde sur la tendre" . Traduction: j'essayais plutôt de dire que ces vêtements sont pour étendre sur la corde à linge. 

"L'épouse de ses ovules". Fascinant, non? Ici, je tentais d'expliquer le processus de fécondation in vitro. Complètement à l'envers. J'essayais de dire:  les ovules de son épouse.

"Sexulaire" 😕. C'est le plus intriguant de la série, à mon avis. 

Ce dernier mot est assez étrange, car d'après moi, mon cerveau a fait une sorte de condensé  à partir de deux mots bien précis. Le premier mot est "Maxi", une chaine d'alimentation que nous avons ici au Québec. Le deuxième mot est "circulaires" (flyers).  J'avais devant moi le circulaire de Maxi, et je parlais au téléphone. Mon cerveau a donc capté le X, a condensé le tout pour faire "sexulaire"....Bizarre, hein?  Dans tous les cas, Freud serait trop content d'émettre des hypothèses sur ce mot qui semble s'apparenter au mot "sexe" :)

Ce que je trouve encore plus intriguant, c'est la vitesse à laquelle je suis arrivée à sortir ces lapsus bizarres, c'est à dire très vite. Quand je les relisais sur papier, je riais tellement, car incapable de les répéter à la même vitesse.

Dans le Manuel du consensus international sur l'encéphalomyélite myalgique, on retrouve entre autre, une section sur les déficiences neurocognitives de l'EM:

1. Déficiences neurocognitives

Difficulté à traiter l’information: ralentissement de la pensée, affaiblissement de la concentration ex. confusion, désorientation, surcharge cognitive, difficulté à prendre une décision, langage plus lent, dyslexie acquise ou post effort.

-Perte de la mémoire à court terme, ex :difficulté à se rappeler ce qu’on voulait ou allait dire, à trouver ses mots, à se souvenir d'une information, piètre mémoire de travail.


Pour ce qui est de la difficulté à prendre des décisions, je me retrouve souvent dans cette situation. Je crois en avoir déjà parlé, mais par exemple je peux me poster devant mon garde-robe et planer un bon moment avant d'arriver à:  

a) me rappeler pourquoi j'y étais au juste
b) quand je m'en rappelle, il me faut arriver à choisir ce que je vais bien pouvoir porter ce jour-là.

Pas facile, mais pas si grave. Là ou c'est plus difficile, c'est lorsque je dois prendre des décisions pas mal plus importantes, par exemple choisir un régime de soins de santé à venir (ouf), ou des choix importants qui impliquent mon avenir.

Je perds souvent les pédales.
Là, je rame.

C'est devenu difficile car je perds pied, débordée et facilement envahie par une masse d'informations pour arriver à faire un choix. Mais pas seulement. Les émotions sont aussi amplifiées, et sans compter l'angoisse également. Pas évident.

Mais qui est donc cette femme que je suis devenue? 

Je dois compter un peu plus sur mon entourage pour m'aider à exercer certains choix, et ça me fait me sentir plus....vulnérable. Moi qui aimait mener ma barque à ma façon, je me vois maintenant plus insécure qu'autrefois.

Je cherche du béton, je cherche des certitudes.

Contre toute attente, j'essaie fort fort de rationaliser et d'utiliser des outils pour analyser les faits, tel un tableau de décisions (les pour et les contre avec pointage) que ma fille m'a développé. Je m'accroche  mais ça ne fonctionne pas toujours.

Dans tout ce fatras émotif et cognitif, je tente de me raccrocher aux faits, le plus possible. N'empêche, le cognitif fait ce qu'il peut dans les circonstances. 


Bonne fin de journée :)



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