Je me sens plus fragile.
Plus fragile émotivement.
Plus fragile physiquement aussi.
L'oeuf ou la poule?
Est-ce que l'un découle de l'autre?
Est-ce l'évolution de l'encéphalomyélite myalgique?
Est-ce "l'usure" de mes presque-60 ans?
Est-ce un effet d'usure du temps de pandémie, qui dure?
Cette fragilité s'exprime de toutes sortes de façon.
Entre autres, je suis plus irritable.
La mèche courte, comme on dit au Québec.
Je me surprends parfois à parler d'un ton sec et sans réplique.
Je suis émue pour des broutilles mais froide devant des drames.
Chamboulée, mais pas de façon égale.
Physiquement, j'ai moins d'énergie.
Les troubles du sommeil sont plus forts que d'habitude.
Ce qui n'aide pas à être de bonne humeur, on s'entend.
Le matin, tous mes membres sont fortement courbaturés et douloureux.
J'y ajoute des cauchemars de temps à autre, pour pimenter mes nuits :)
Il y a aussi une plus forte intolérance aux bruits...
Les bruits ambiants du quartier me tapent royalement sur les nerfs.
Et le son de ma télé est plus bas qu'il ne l'était.
Le brouillard cognitif est plus prononcé.
Avec une impression de "flotter".
Je fuis les livres, les séries et les films où il y a de la violence, sous peine de les retrouver la nuit.
Mais ce matin, j'ai croisé plus fragile que moi.
Alors que je me rendais à l'épicerie faire mes courses, j'ai croisé une dame d'environ 75 ans, en triporteur.
Elle luttait et tentait de pousser des paniers vides qui lui bloquaient l'entrée au commerce.
Faible et à bout de bras, elle faisait son possible, mais sans résultat.
J'ai appuyé ma canne contre le mur pour enlever ces paniers,
ce qui débloquait son entrée.
Puis elle a filé dans l'épicerie.
Je faisais mes courses....
Mon cellulaire sonne.
Un appel que je ne pouvais pas rater alors j'ai répondu.
En temps normal, je ne réponds pas.
Mais voilà que debout à ne pas bouger, mon coeur commence à faire des siennes et à battre comme un fou. Probablement le syndrome de tachycardie orthostatique posturale, pas encore diagnostiqué à ce jour.
Mais il me fallait m'asseoir au plus vite.
Tout en parlant, je cherchais des yeux comment faire pour reprendre un peu d'énergie.
Je vous livre mon scoop: le coin des caisses de bière! Discrètement s'entend, je me suis assise dans ce secteur pour me reposer. Un appui solide, juste bon pour moi. Essayez-le, vous m'en donnerez des nouvelles...
Pendant que je terminais l'appel, je voyais de temps à autre la dame en triporteur. Masquée quasiment jusqu'au front, elle tournait dans les allées.
J'ai pu reprendre un peu d'énergie, ouf...Merci, les caisses de bière :)
J'ai payé mes achats, prête à partir.
À la sortie des caisses, je croise encore la dame au triporteur qui termine ses achats.
Tremblante sur ses jambes et presque pliée en deux, elle tentait faiblement de mettre ses achats dans son petit sac de coton.
Je lui ai demandé si je pouvais l'aider.
Elle a accepté.
Doucement, j'ai mis les objets dans son sac.
De peine et de misère, elle a réussi à se rassoir dans son véhicule, non sans lenteur et avec difficulté.
Elle ne le voyait pas, mais elle bloquait la caisse voisine où un homme attendait patiemment qu'elle libère l'accès. Merci de votre patience monsieur!
Avec une lenteur infinie, la dame a rangé sa carte de crédit dans son sac à main.
J'ai installé ses achats sur son véhicule en lui souhaitant une bonne journée.
Je suis ressortie en pensant à cette dame...
En me disant que je suis peut être dans un état fragile, mais il y en a des plus fragiles que moi encore.
La fragilité de cette dame m'a touchée.
Secouée un peu même je dirais.
Et pour quelques minutes, je me suis quasiment sentie comme une athlète olympique!
Ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas fragile.
Mais je le suis moins que ce que j'ai vu chez cette dame.
C'est du moins ma perception.
Les personnes vivant avec l'encéphalomyélite myalgique sont parfois sinon souvent dans un état de fragilité physique et mentale souvent difficiles à vivre.
Difficile pour elles, pour leur entourage.
Cependant, nous ne sommes pas les seuls à vivre cette fragilité...
Ça n'augmente ni ne diminue ce que je vis, ce que nous vivons.
Plusieurs d'entre nous sont en état modéré et sévère.
J'ai encore la chance de pouvoir faire mes achats.
Pour le moment.
Mais sachant que nous sommes plusieurs à vivre cette fragilité, pour ma part, je me sens nettement moins seule.
Et parfois, juste ça, ça aide.
Même un tout petit peu...
Bonne journée
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