samedi 9 février 2019

"Les bains de forêts" et le bien être des personnes affectées par l'encéphalomyélite myalgique.




"Shinrin Yoku. Les bains de forêt, le secret de santé naturelle des japonais.
Le fascinant pouvoir guérisseur de la forêt"


Aujourd’hui, j’aimerais vous parler du livre « Les bains de forêts » du professeur Yoshifumi Miyazaki publié en 2018. Ce professeur enseigne l’écothérapie, c’est à dire une thérapie en étant en contact avec la nature.

Ce billet n’est pas un résumé du livre, j’ai plutôt choisi de mettre la loupe sur certaines données et de les mettre en lien avec les personnes vivant avec l’encéphalomyélite myalgique. 

Le terme « Shinrin Yoku » est le nom d’un programme qui consiste à marcher lentement dans les bois, sans se dépêcher, pendant une matinée, un après-midi ou une journée entière. Quand le terme « Shinrin Yoku »  a été créé dans les années 80 au Japon, il s’agissait à l’origine d’une opération de marketing visant à attirer les japonais dans les forêts. Depuis, plusieurs chercheurs du monde entier ainsi que le professeur, ont commencé à étudier les effets physiologiques et psychologiques de la nature, en particulier des forêts, sur la santé et le bien être des humains. Ce qui inspirait ces recherches, c’était l’idée que d’une manière ou d’une autre, on se sent mieux quand on se trouve en contact avec la nature.

Selon le professeur, l’urbanisation croissante des sociétés nous coupe de plus en plus de la nature alors que nos fonctions physiologiques seraient toujours adaptées à cette dernière. Entre autre, notre système nerveux sympathique serait hypersollicité et le stress, trop élevé : si on y ajoute un mauvais sommeil (fréquent chez les personnes affectées par l’encéphalomyélite myalgique) et l’absence de détente, ces éléments contribuent aussi à aggraver le dérèglement du système nerveux.

Le système nerveux parasympathique, lui, régule le corps et lui permet de se reposer et de digérer. C’est aussi lui qui permet à l’organisme de recouvrer le calme afin d’accomplir son travail de réparation. « Or, quand le corps est soumis à un stress chronique trop important pendant trop longtemps, le système nerveux parasympathique peut s’effondrer », note le professeur Miyazaki.

«La régulation du système nerveux est précisément le domaine dans lequel agissent les écothérapies. Dans un environnement naturel, le stress diminue et on se sent plus détendu, mais aussi revigoré. Ce simple fait d’être en contact avec la nature contribue à réguler le système nerveux et à rétablir l’équilibre entre activation et relaxation, qui est, à mes yeux, un marqueur fondamental du bien-être. Cela permet de prévenir les maladies et d’avoir un mode de vie plus sain". Au Japon, des centres d’écothérapie ont été mis sur pied, et proposent un large éventail d’activités telles que yoga/méditation dans la nature, se détendre au contact d’arbres, s’asseoir près d’un cours d’eau, visiter les montagnes, se reposer dans la forêt, contempler les étoiles, marcher et respirer etc.





Les recherches de Miyazaki



La partie la plus fascinante du livre selon moi, ce sont les données de recherche que le professeur a été en mesure de compiler. Pour mesurer l’effet relaxant de la nature sur l’organisme, il faut mesurer son niveau de stress et de détente à un moment donné de l’expérience. Il y a 4 façons de mesurer les réactions:

-Mesure de l’activité cérébrale-quand la détente augmente, l’activité du cerveau diminue (système parasympathique).

-Mesure de l’activité du système nerveux autonome-quand le stress augmente, l’activité du système nerveux sympathique augmente tandis que celle du système nerveux para sympathique diminue.

-Mesure des marqueurs du stress dans la salive-quand le stress augmente, le taux de ces marqueurs augmente aussi (cortisol).

-Mesure de l’activité du système immunitaire-quand le stress augmente, l’activité des cellules tueuses naturelles (lymphocytes NK) diminue.

Les effets de la nature chez les participants à ce projet sont intéressants : par exemple, chez des sujets qui humaient ou touchaient des morceaux de pin, de chêne ou de cyprès japonais, le professeur a observé un ralentissement de l’activité cérébrale préfrontale, et de l’activité du système nerveux sympathique, et l’augmentation de l’activité du système nerveux parasympathique avec, pour conséquence, une diminution du stress. Respirer le parfum de fleurs et des plantations auraient aussi cet effet, tout comme être en contact avec des bonsaïs ou autres plantes.

 

Échec au béton!


Pour la plupart, nous vivons dans des villes où les environnements verts sont plus ou moins présents ou du moins, l'accès  à la nature est restreint. En clair, on ne dispose pas nécessairement d’une forêt à portée de main pour pouvoir bénéficier des bienfaits de la nature sur notre corps malade et surmené.

La bonne nouvelle, c’est que notre cerveau réagit aussi à d’autres stimulis provenant de la nature, et qu’il est possible d’identifier ce qui nous fait de l’effet ou pas. 

Comment faire pour se connecter à la forêt, à la nature alors que nous vivons en ville, dans des endroits fortement bétonnés?

Et puis, comment savoir ce qui dans la nature, nous fait de l’effet-ou pas?

Selon le professeur et les tests qu’il a été en mesure d’effectuer sur des personnes, il n’est pas trop difficile de savoir ce qui nous convient ou non: par exemple, il a fait entendre les bruits d’un ruisseau tandis que l’activité cérébrale et la tension artérielle d’un sujet étaient mesurées. Chez ceux qui n’éprouvaient rien de particulier, on ne note pas de changement au niveau du cerveau. Mais pour ceux qui l’ont trouvé agréable, on notait un ralentissement de l’activité préfrontale, une réduction de la tension et un effet de détente physiologique. Le même test a été effectué avec une stimulation visuelle (par exemple voir une scène de nature), ou même des odeurs telles que le café fraichement moulu. Les expériences comportant des stimuli naturels ont montré une relation entre les sensations de plaisir/bien être et l’effet de détente physiologique. 

Aussi simple que ça: vous ressentez de la détente et du bien être? Eh bien vous avez trouvé ce qui vous fait du bien.... 

Le professeur conseille de faire ses propres recherches, et de se fier à son intuition pour savoir ce qui nous fait du bien. Par exemple, l’aromathérapie sera efficace chez ceux qui aiment les parfums. « Nos expériences ont prouvé que l’odeur du bois et des aiguilles de pin et de cyprès japonais ralentissait l’activité cérébrale et stimulait le système nerveux parasympathique, plus actif quand on se détend ». 


 En résumé, les effets bénéfiques du contact avec la nature sont :

-Amélioration de l’immunité, augmentation du nombre de cellules tueuses naturelles connues pour lutter contre les tumeurs et les infections.

-Détente physique due à l’augmentation de l’activité du système nerveux parasympathique.

-Diminution du stress physique due à la réduction de l’activité du système nerveux sympathique.

-Diminution de la tension artérielle dès les premiers 15 premières minutes de sylvothérapie.

-impression générale de bien être et de détente

Mieux encore, le professeur Miyazaki a noté une diminution de la tension artérielle après une journée de sylvothérapie, et qui se prolonge jusque pendant 5 jours. Intéressant! 





Les PAEMS 


Les personnes affectées par l’encéphalomyélite myalgique manquent d’énergie, s'épuisent rapidement, et vivent des stress importants de par leur condition de santé. Même le consensus canadien sur l'EM recommande de diminuer les facteurs de stress.  Comme nous ne pouvons souvent pas prévoir notre niveau d’énergie, cela peut nous amener également à vivre du stress et de l’anxiété.

Je suis convaincue que plusieurs d’entre vous avez déjà été en mesure de réaliser combien vivre en contact direct avec la nature fait du bien, et contribue à votre bien être, ne serait-ce que d’être assis dans un parc pendant quelques minutes. Et peut être avez-vous même la chance d'habiter tout près d'une forêt.

Pour ceux d’entre nous qui n’ont pas un accès direct à la nature, et en nous basant sur les résultats de recherche de Miyazaki, il y a moyen de trouver ce qui nous fait du bien, et de se créer un petit jardin chez soi en prenant soin de plantes d’intérieur, par exemple.  N’oubliez pas l’indice pour savoir si c’est bon pour vous : si vous ressentez du plaisir, du contentement, c’est que vous avez trouvé ce qui vous fait du bien, tout simplement. Ce peut être des plantes d’intérieur dont on prend soin, ce peut être même de prendre soin d’un animal de compagnie ou pourquoi pas, d’un poisson :) 


Ce peut être de visiter un jardin l’été ou le jardin botanique de votre secteur en hiver. Ce peut être de s’occuper d’un plant de tomate sur son balcon, si on n’a pas beaucoup d’énergie. Ce peut être de visiter un fleuriste, et s’inspirer de ce qu’on voit.  Ce peut être de peindre la nature, de la dessiner, de toucher des morceaux de bois etc.

Miyazaki rapporte que « nos expériences ont prouvé que l’odeur du bois et des aiguilles de pin et de cyprès japonais ralentissait l’activité cérébrale et stimulait le système nerveux parasympathique, plus actif quand on se détend. »  

Ralentir le système nerveux autonome donne une chance au système nerveux parasympathique de ralentir le corps, de ralentir le rythme cardiaque, en bref d’initier la détente et la relaxation. Et c’est ce dont les personnes affectées par l’EM ont grandement besoin, entre autre : se doter de moyens pour détendre « la machine », ralentir ce corps en lutte constante. 


Qu’en est-il pour vous? Qu’est-ce qui, dans la nature, vous branche sur le réseau « relaxation »? 


🌻