"Shinrin Yoku. Les bains de forêt, le secret de santé
naturelle des japonais.
Le fascinant pouvoir guérisseur de la forêt"
Aujourd’hui, j’aimerais vous parler du livre « Les bains de
forêts » du professeur Yoshifumi Miyazaki publié en 2018. Ce professeur enseigne l’écothérapie, c’est à dire une thérapie en étant en contact avec la nature.
Ce billet n’est pas un résumé du livre, j’ai plutôt choisi
de mettre la loupe sur certaines données et de les mettre en lien avec les personnes vivant avec l’encéphalomyélite myalgique.
Le
terme « Shinrin Yoku » est
le nom d’un programme qui consiste à marcher lentement dans les bois, sans se
dépêcher, pendant une matinée, un après-midi ou une journée entière. Quand
le terme « Shinrin Yoku » a été créé dans les années 80 au
Japon, il s’agissait à l’origine d’une opération de marketing visant à attirer
les japonais dans les forêts. Depuis, plusieurs chercheurs du monde entier
ainsi que le professeur, ont commencé à étudier
les effets physiologiques et psychologiques de la nature, en particulier des forêts,
sur la santé et le bien être des humains. Ce
qui inspirait ces recherches, c’était l’idée que d’une manière ou d’une autre,
on se sent mieux quand on se trouve en contact avec la nature.
Selon
le professeur, l’urbanisation croissante des sociétés nous coupe de plus en
plus de la nature alors que nos fonctions physiologiques seraient toujours adaptées à cette dernière. Entre autre, notre système
nerveux sympathique serait hypersollicité et le stress, trop élevé : si on
y ajoute un mauvais sommeil (fréquent chez les personnes affectées par
l’encéphalomyélite myalgique) et l’absence de détente, ces éléments contribuent
aussi à aggraver le dérèglement du système nerveux.
Le système
nerveux parasympathique, lui, régule le corps et lui permet de se reposer et de
digérer. C’est aussi lui qui permet à l’organisme de recouvrer le calme afin
d’accomplir son travail de réparation. « Or, quand le corps est soumis à
un stress chronique trop important pendant trop longtemps, le système nerveux
parasympathique peut s’effondrer », note le professeur Miyazaki.
«La
régulation du système nerveux est précisément le domaine dans lequel agissent
les écothérapies. Dans un environnement naturel, le stress diminue et on se
sent plus détendu, mais aussi revigoré. Ce simple fait d’être en contact avec
la nature contribue à réguler le système nerveux et à rétablir l’équilibre
entre activation et relaxation, qui est, à mes yeux, un marqueur fondamental du
bien-être. Cela permet de prévenir les maladies et d’avoir un mode de vie plus
sain". Au
Japon, des centres d’écothérapie ont été mis sur pied, et proposent un large
éventail d’activités telles que yoga/méditation dans la nature, se détendre au
contact d’arbres, s’asseoir près d’un cours d’eau, visiter les montagnes, se
reposer dans la forêt, contempler les étoiles, marcher et respirer etc.
Les recherches de Miyazaki
La
partie la plus fascinante du livre selon moi, ce sont les données de recherche que le
professeur a été en mesure de compiler. Pour mesurer l’effet relaxant de la
nature sur l’organisme, il faut mesurer son niveau de stress et de détente à
un moment donné de l’expérience. Il y a 4 façons de mesurer les réactions:
-Mesure
de l’activité cérébrale-quand la détente
augmente, l’activité du cerveau diminue (système parasympathique).
-Mesure
de l’activité du système nerveux autonome-quand
le stress augmente, l’activité du système nerveux sympathique augmente tandis
que celle du système nerveux para sympathique diminue.
-Mesure
des marqueurs du stress dans la salive-quand
le stress augmente, le taux de ces marqueurs augmente aussi (cortisol).
-Mesure
de l’activité du système immunitaire-quand
le stress augmente, l’activité des cellules tueuses naturelles (lymphocytes NK)
diminue.
Les effets
de la nature chez les participants à ce projet sont intéressants :
par exemple, chez des sujets qui humaient ou touchaient des morceaux de pin, de
chêne ou de cyprès japonais, le professeur a observé un ralentissement de l’activité cérébrale préfrontale, et de l’activité
du système nerveux sympathique, et l’augmentation de l’activité du système
nerveux parasympathique avec, pour conséquence, une diminution du stress.
Respirer le parfum de fleurs et des plantations auraient aussi cet effet, tout
comme être en contact avec des bonsaïs ou autres plantes.
Échec au béton!
Pour
la plupart, nous vivons dans des villes où les environnements verts sont plus
ou moins présents ou du moins, l'accès à la nature est restreint. En clair, on ne
dispose pas nécessairement d’une forêt à portée de main pour pouvoir bénéficier
des bienfaits de la nature sur notre corps malade et surmené.
La
bonne nouvelle, c’est que notre cerveau réagit aussi à d’autres stimulis
provenant de la nature, et qu’il est possible d’identifier ce qui nous fait de
l’effet ou pas.
Comment
faire pour se connecter à la forêt, à la nature alors que nous vivons en ville,
dans des endroits fortement bétonnés?
Et puis,
comment savoir ce qui dans la nature, nous fait de l’effet-ou pas?
Selon
le professeur et les tests qu’il a été en mesure d’effectuer sur des personnes,
il n’est pas trop difficile de savoir ce qui nous convient ou non: par exemple,
il a fait entendre les bruits d’un ruisseau tandis que l’activité cérébrale et
la tension artérielle d’un sujet étaient mesurées. Chez ceux qui n’éprouvaient
rien de particulier, on ne note pas de
changement au niveau du cerveau. Mais pour ceux qui l’ont trouvé agréable,
on notait un ralentissement de l’activité
préfrontale, une réduction de la tension et un effet de détente physiologique. Le
même test a été effectué avec une stimulation visuelle (par exemple voir une
scène de nature), ou même des odeurs telles que le café fraichement moulu. Les
expériences comportant des stimuli naturels ont montré une relation entre les sensations de plaisir/bien être et l’effet de
détente physiologique.
Aussi simple que ça: vous ressentez de la détente et du bien être? Eh bien vous avez trouvé ce qui vous fait du bien....
Le
professeur conseille de faire ses propres recherches, et de se fier à son intuition
pour savoir ce qui nous fait du bien. Par exemple, l’aromathérapie sera
efficace chez ceux qui aiment les parfums. « Nos expériences ont prouvé
que l’odeur du bois et des aiguilles de pin et de cyprès japonais ralentissait
l’activité cérébrale et stimulait le système nerveux parasympathique, plus
actif quand on se détend ».
En
résumé, les effets bénéfiques du contact avec la nature sont :
-Amélioration
de l’immunité, augmentation du nombre de cellules tueuses naturelles connues
pour lutter contre les tumeurs et les infections.
-Détente
physique due à l’augmentation de l’activité du système nerveux parasympathique.
-Diminution
du stress physique due à la réduction de l’activité du système nerveux
sympathique.
-Diminution
de la tension artérielle dès les premiers 15 premières minutes de
sylvothérapie.
-impression
générale de bien être et de détente
Mieux
encore, le professeur Miyazaki a noté une diminution de la tension artérielle
après une journée de sylvothérapie, et qui se prolonge jusque pendant 5 jours. Intéressant!
Les PAEMS
Les personnes
affectées par l’encéphalomyélite myalgique manquent d’énergie, s'épuisent rapidement, et vivent des stress importants de par leur condition de santé. Même le consensus canadien sur l'EM recommande de diminuer les facteurs de stress. Comme nous ne pouvons souvent pas prévoir
notre niveau d’énergie, cela peut nous amener également à vivre du stress et de l’anxiété.
Je
suis convaincue que plusieurs d’entre vous avez déjà été en mesure de réaliser combien
vivre en contact direct avec la nature fait du bien, et contribue à votre bien
être, ne serait-ce que d’être assis dans un parc pendant quelques minutes. Et peut être avez-vous même la chance d'habiter tout près d'une forêt.
Pour
ceux d’entre nous qui n’ont pas un accès direct à la nature, et en nous basant
sur les résultats de recherche de Miyazaki, il y a moyen de trouver
ce qui nous fait du bien, et de se créer un petit jardin chez soi en prenant
soin de plantes d’intérieur, par exemple. N’oubliez
pas l’indice pour savoir si c’est bon pour vous : si vous ressentez du
plaisir, du contentement, c’est que vous avez trouvé ce qui vous fait du bien,
tout simplement. Ce peut être des plantes d’intérieur dont on prend soin, ce
peut être même de prendre soin d’un animal de compagnie ou pourquoi pas, d’un poisson :)
Ce
peut être de visiter un jardin l’été ou le jardin botanique de votre secteur en
hiver. Ce peut être de s’occuper d’un plant de tomate sur son balcon, si on n’a
pas beaucoup d’énergie. Ce peut être de visiter un fleuriste, et s’inspirer de
ce qu’on voit. Ce peut être de peindre
la nature, de la dessiner, de toucher des morceaux de bois etc.
Miyazaki rapporte que « nos expériences ont prouvé que l’odeur du bois
et des aiguilles de pin et de cyprès japonais ralentissait l’activité cérébrale
et stimulait le système nerveux parasympathique, plus actif quand on se détend. »
Ralentir
le système nerveux autonome donne une chance au système nerveux parasympathique
de ralentir le corps, de ralentir le rythme cardiaque, en bref d’initier la
détente et la relaxation. Et c’est ce dont les personnes affectées par l’EM ont
grandement besoin, entre autre : se doter de moyens pour détendre « la machine »,
ralentir ce corps en lutte constante.
Qu’en
est-il pour vous? Qu’est-ce qui, dans la nature, vous branche sur le réseau « relaxation »?