jeudi 29 juin 2023

Juste être

 


Ces jours-ci, je suis concentrée sur les sens. 
 
Je me suis installée il y a quelques jours, sur une place publique de mon quartier pour relaxer et profiter du beau temps.  

Assise dans mon déambulateur, je humais différentes odeurs qui venaient chatouiller mon nez. 

Une odeur de gazon coupé, puis de café et de pain frais. Cette odeur me ramène directement à mon enfance, alors que ma famille vivait près d’une boulangerie. Je savoure alors ce souvenir olfactif précieux qui me plonge dans cette période de ma vie....Pains, brioches, gâteaux.
 
Soudain, une odeur de viande grillée mélangée à celle du charbon de bois passe. Ça y est, me voilà de retour à ce voyage en Afrique, il y a de cela quelques années. Je me suis rappelé ce jour où j’avais savouré un délicieux poulet dans un décor si unique. Réunie avec des amis sympathiques, ce repas est un doux souvenir. 
 
Je ferme les yeux et je laisse ces odeurs traverser mon corps. Les souvenirs et les images montent et passent. 
 
Le matin, l’humidité n’est pas encore élevée, alors je profite des quelques rayons pas trop dardants du soleil pour laisser mon corps s’imprégner de ces petits moments consacrés à ne rien faire. 

Juste être...

Juste respirer lentement, être présente à moi-même. 

Même si j’ai l’impression que mon corps est en douleurs quasiment en continu, je m’attarde maintenant à observer ces quelques rares instants où je ne suis pas crispée, mal dans mon corps. 

Je vous l’accorde, ils sont parfois si minuscules ces moments. Mais oui, il y en a. 

Je me concentre alors sur ces courtes sensations bienvenues pour me détendre, les apprécier, et pour les engranger dans ma mémoire, créant ainsi une sorte d’"album" de sensations agréables dans mon cerveau. 
 
Quand je vis des moments plus difficiles, je fais appel à cet album  et me replonge dans ces souvenirs. Je me rappelle les lieux, les sons, etc., je me concentre sur le fait de les revivre. 

Ma respiration se calme et ralentit. Ces doux rappels envoient un message de détente à tout mon corps et même mon esprit.
 
Et j’utilise la même stratégie avec des moments agréables passés en bonne compagnie : je retourne dans cet album, et je me souviens.
 
 
 
Qualité versus quantité 
 
Je suis une personne qui adore se faire des listes de toute sorte! Un outil si pratique. 
 
Je suis le genre de femme qui ADORAIT faire plein de choses, chaque jour. Bien sûr, depuis que je vis avec l’EM, j’ai passablement diminué mes activités.
 
Reste que j’écrivais encore une liste de choses à faire pour la journée. Je me suis rendu compte que c’était encore trop, et que je me mettais inutilement de la pression. 

En voilà une mauvaise idée quand on vit avec l’encéphalomyélite myalgique!
 
Je fais encore une liste, mais pour une semaine. Ainsi, moins de pression, plus de temps...plus de détente aussi.
 
J’utilise des mots-clés pour de petits projets, des rendez-vous à préparer. J’ai aussi une petite partie consignes/conseils: repos APRÈS telle activité, n’achète pas tel produit en rabais, tu en as déjà, n’oublie pas tel document pour la pharmacie, etc. 


ME REPOSER écrit EN GROSSE LETTRE :)


Si des trucs sur ma liste ne sont pas réalisés dans la semaine, c’est reporté la semaine suivante.
 
J’ai changé mon état d’esprit face à cette liste. L’idée n’est plus de tout faire, mais de bien le faire, et à mon rythme. Je crois que j’étais restée accroché à mon ancien univers.
 
Alors mon but est d’en faire beaucoup moins, mais de bien le faire, lentement. De la qualité, madame, pas la quantité! 
 
Le classique : quand je ressens un peu d’énergie, j’ai pour habitude de foncer vers l’avant et tout faire ce que je voulais faire. Je suis comme bien des personnes affectées par l’encéphalomyélite myalgique. Un petit peu d’énergie et on veut tout faire ou presque.
 
Or, on le sait tous, agir ainsi faire est hautement contre-productif physiquement, car ça nous met en malaise post-effort pour des jours, des semaines voire des mois. Il y a un réel bénéfice à ralentir, à vivre des moments de qualité et non en termes de quantité. Bénéfice physique bien entendu, mais aussi émotif et mental. 

Je me laisse de l’espace-temps, de l’espace mental et de physique pour être. C'est un besoin immense à combler.
 
Nous vivons dans un monde où tout va vite, très vite. 

Dans ce contexte, si les personnes en santé arrivent à y fonctionner, rien ne dit que les personnes affectées doivent suivre la cadence, bien au contraire. Les personnes affectées par l’encéphalomyélite myalgique, de par leur condition invalidante d’épuisement en continu, peuvent difficilement se permettre de suivre ce rythme sans en payer lourdement les conséquences.
 
Je n'ai plus envie de vivre dans un état d'esprit marathon....et j'y veille. Dans tous les cas, c’est sur ce à quoi je me concentre ces derniers temps. 
 
Après tout, je ne suis pas ministre! Et d’ailleurs, je suis bien contente de ne pas l’être. Juste assumer la responsabilité de ma propre vie -avec tout ce que cela implique -, est largement suffisant pour moi. 
 
D’ici là, je vous souhaite de bien profiter de l’été pour permettre à vos sens et votre corps de se détendre et qui sait peut être, d’engranger aussi de doux souvenirs à se rappeler, plus tard. 
 

Bon été 
  

 🌻
 

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