La semaine qui vient de s'achever a été une grosse semaine pour moi. Trop, trop de tout. En bonus, j'ai mis le doigt sur une prise de conscience qui m'a un peu troublée, et que j'aimerais vous partager.
En rétrospective, voici la semaine passée:
Lundi: rien de prévu à l'agenda. Un ami m'appelle pour me rendre visite le lendemain en pm. Il connaît mon état de santé. Nous fixons un rdv pour le lendemain.
Mardi: la visite prévue arrive, et mon ami reste environ une heure. Parfait, pas énergivore pour moi. J'ai pu faire ma sieste habituelle avant la visite.
Mercredi: Rdv avec ma travailleuse sociale au Centre Local de Services Sociaux (CLSC). Je m'y rends en voiture (ouf, que ça fait du bien). Après le rdv, je me rends à l'épicerie et j'achète les essentiels qui manquent, du lait et des fruits. Je ne ressors pas de la journée, épuisée. En pm, je fais quand même du tri dans les affaires de maison avec ma fille. Au bout de 30 minutes, je n'en peux plus et je la laisse continuer seule.
Jeudi am (là, ça se corse): Rdv à l'hôpital en o.r.l. où je reçois les résultats de différents tests effectués. Mes vertiges ne sont pas causés par un problème mécanique des oreilles (tympan défectueux, osselets etc.). Le médecin m'explique que j'ai des vertiges positionnels. J'avais déjà remarqué que lorsque je me penche sur le côté gauche, les vertiges sont plus forts. Exercices à faire, à revoir dans 6 mois.
Je repars en transport en commun. Arrivée au métro, c'est le chaos: plein de gens sur les quais, ah non! foutue panne. Et ces jours-ci, le métro de Montréal a sa ration quotidienne de pannes de métro. Je plains les travailleurs et les étudiants...
La grogne parmi les usagers se fait sentir. Les autobus arrivées en renfort, sont bondés de gens dont les visages pratiquement écrasés dans les fenêtres, passent à toute vitesse sur les pieds des usagers ahuris du spectacle. Pendant ce temps, je sens la fatigue me gagner peu à peu, et je me demande comment faire pour rentrer à la maison. J'ai beau tenter de héler les nombreux taxi qui passent, ils ont tous des passagers. J'attends debout, et je bouge légèrement sur place pour essayer de me dégourdir, et je cherche une solution. Le métro finit par reprendre du service. Sortie de l'hôpital à 9:30, je rentre chez moi à 11:00. Épuisée.
Le hic, c'est qu'il y a le groupe d'entraide pour les personnes affectées par l'EM en pm. Le mois dernier, je n'ai pas pu y aller, trop épuisée. Le mois prochain, je ne pourrai pas m'y rendre non plus. Alors vous connaissez la suite, je pense....?
PM: Malgré l'épuisement de la matinée, je décide d'aller quand même au groupe d'entraide. Je mange un morceau, et me voilà repartie à pied. Arrivée sur place, c'est la joie: je retrouve des personnes que je n'ai pas vues depuis longtemps, dont N*, qui n'est pas venue depuis une année, trop malade.
Nous sommes une bonne quinzaine de personnes et les discussions vont bon train sur le thème de la gestion du stress quand on vit avec l'EM. Tu parles! Alors chacun y allait de ses trucs: pratiquer la cohérence cardiaque, faire de légers exercices, etc. Une rencontre très intéressante car les échanges étaient nombreux et riches. J'ai utilisé mes bouchons pour la rencontre, car le niveau de bruit était trop élevé. A la fin de la rencontre, je n'étais plus sur la planète terre, trop crevée. Je suis partie comme une flèche sans attendre qui que ce soit. Vite, on rentre à la maison :( Je ne sais même pas comment j'ai fais pour rentrer...
Retour vers 15:30: il n'est pas temps de me coucher, trop près du dodo de nuit. J'essaie de me détendre. Je mange un morceau, et à 17:30 je n'en peux plus: je me couche.....argggggggg enfin...
Je mets du temps à m'endormir: je ne regarde pas l'heure mais je sais que ça traine pour partir enfin en orbite. Système nerveux étiré, trop épuisée.
La nuit, je me réveille. Mon corps est pourtant lourd, épuisé et douloureux de partout. J'ai dû déménager sans m'en rendre compte 😥
Vendredi: Je me réveille courbaturée, défaite en pièces détachées. Mes yeux rouges, chauffent. Crevée en me levant. Après un premier café, je lis mes courriels de la veille. Une amie propose de venir me voir vers 9:30, avec le petit déjeuner sous le bras. Ma première réaction est de refuser, en pensant au bassin de fatigue dans lequel je nage. Finalement, je me dis "pourquoi pas?". Mon amie est finalement venue et après une bonne jasette de filles, elle est repartie. J'étais contente de mon avant-midi :)
Ce fut une grosse semaine pour moi. Je suis consciente que j'en ai trop pris, trop fait, trop, trop, trop tout. J'ai réfléchi sur les raisons qui m'ont conduite à trop pousser "la machine". En relisant le rapport d'une experte embauchée par mon assureur, il y avait ceci: "madame "acte" (douleurs, maladie etc), sevrez la médication et retournez-la au travail" 😶
Ouf. J'ai tellement mais tellement pleuré quand j'ai relu ce rapport. J'ai négligé les impacts pouvant résulter de la lecture de ce genre de commentaires, surtout lorsqu'on se sent vulnérable, faible.
Je ne suis pas fière de m'être poussée à bout, mais je sais ce qu'il y avait en dessous de mes choix.
Je vérifiais si j'étais vraiment malade
Pourquoi? À l'instar des foutus commentaires de l'experte qui tournaient en boucle dans ma tête, j'ai plus ou moins consciemment poussé mon corps pour voir ce qui se passerait....La peur et le doute s'étaient insinués en moi, créant de véritables brèches. J'en étais venue à NE PLUS ME CROIRE moi-même.
Je les voient, ces brèches. Avec compassion.
J'écris à ce sujet, car je suis convaincue que je ne suis pas la seule personne affectée par l'EM à vivre ce genre de situations.
La simple phrase d'une amie m'a aidée à déboucher vers cette prise de conscience, en me répétant que les rapports de contre-experts sont souvent faits pour susciter la peur chez les malades, et pour qu'ils abandonnent les poursuites juridiques. Ce n'est pas que j'ignorais cela, mais plutôt que je l'avais oublié.
En tout état de cause, ce qu'on lit et ce qu'on en retient peut s'avérer avoir des impacts inattendus sur notre façon de nous percevoir et d'agir. S'épuiser de la sorte était insensé, j'en conviens. L'humain n'est pas toujours rationnel dans ce qu'il fait. Je retiens aussi que lorsque je prends le temps de me poser, j'ai davantage accès à ce qui se passe en moi. Ce n'est pas encore tout à fait au point mais par contre, je sens que je suis sur la bonne voie 💫
Les experts et contre-experts de l'univers peuvent bien dire ou écrire tout ce qu'ils veulent, je vis avec l'EM.
Et je pense que je n'ai plus besoin de m'auto défier et de grimper l'Everest pour le savoir :)
Mwasi