Nouvelle étude : Les cellules des personnes atteintes par le syndrome de fatigue chronique sont épuisées
Un article paru dans la revue New Scientist
le 3 novembre 2017 rapporte les résultats d’une étude publiée dans le
journal PLOS One par Cara Tomas, travaillant aux côtés du Pr. Julia
Newton et ses collègues à Newcastle en Angleterre.
Le papier, nommé “La production
énergétique cellulaire est altérée chez les patients atteints du
syndrome de fatigue chronique”, est en accès libre.
Il y a 13 ans, Cara Tomas s’est
retrouvée alitée à cause du syndrome de fatigue chronique. La maladie
est survenue subitement, dit-elle, sans signe avant-coureur. Encore
aujourd’hui, elle a de bons jours et de mauvais jours à cause des effets
persistants de la maladie. “De nombreuses personnes rejettent encore
cette maladie comme un trouble psychologique, ce qui est extrêmement
frustrant,” dit-elle.
Professeure Julia Newton |
Tomas en sait plus sur le SFC que
beaucoup d’autres personnes. En doctorat à l’université de Newcastle en
Angleterre, elle vient de publier un papier démontrant que les cellules
blanches chez les personnes atteintes de la maladie sont aussi épuisées
qu les patients eux-mêmes. “Nous avons démontré une différence
physiologique, qui pourrait expliquer la fatigue corporelle affectant
les patients,” dit-elle.
Ces résultats viennent s’ajouter aux
nombreuses données suggérant que l’affection a une explication
biologique, et ajoute à l’espoir de voir apparaître des propositions de
traitements et tests diagnostiques.
Pendant de nombreuses années, le SFC
(aussi connu sous le nom d’encéphalomyélite myalgique ou EM) a été
source de controverse, certains voyant là une affection physiologique et
d’autres un trouble psychologique. Mais cette dernière étude comparant
les cellules mononucléées du sang périphérique (peripheral blood
mononuclear cells ou PBMCs en anglais) de 52 personnes affectées par la
maladie et 35 contrôles sains vient renforcer la thèse d’une explication
biologique.
Des mitochondries moins efficaces
Sur presque toutes les mesures de
capacité énergétique, les cellules des personnes atteintes par
l’encéphalomyélite myalgique étaient moins efficaces comparées à leurs
équivalents sains. S’il s’avérait que les autres cellules sont
pareillement affectées, cela pourrait expliquer pourquoi de nombreux
patients sont alités ou confinés à domicile pendant des mois et ont des
difficultés à faire un effort physique même minimal.
“Les cellules des personnes affectées
par l’EM/SFC ne pouvaient pas produire autant d’énergie que les
cellules des personnes saines,” selon Tomas. “Au seuil de référence,
elle ne fonctionnaient pas aussi bien, mais leur niveau de fonction
maximum dans toute condition est beaucoup plus bas que les cellules
saines”
Tomas et ses collègues ont mesuré
l’efficacité des mitochondries et ont établi que celles-ci ne
fonctionnent pas correctement chez les patients atteints du syndrome de
fatigue chronique.
“Nous avons définitivement démontré
qu’il s’agit d’une défaillance des mitochondries,” dit Tomas. “Cela
pointe directement vers une affection physiologique, et non
psychologique.”
Tomas a mesuré la consommation
d’oxygène des cellules dans des conditions normales et lors d’un stress,
pour étudier comment celles-ci pouvaient augmenter leur production
malgré un taux de glucose faible, une situation forçant les cellules à
consommer plus d’oxygène pour compenser. Même au seuil de base, les
cellules saines consommait deux fois plus d’oxygène que les cellules des
patients atteints par l’EM/SFC. Cette disparité s’accentuait de manière
dramatique lorsque les cellules étaient en situation de stress.
Épuisement métabolique
Lors d’un autre test qui poussait les
cellules à leur capacité maximum, celles des patients atteints ne
pouvaient augmenter leur production mitochondriale que de 47%, à peu
près la moitié des 98% d’augmentation observés chez les contrôles sains.
“Ces résultats confirment ce que
d’autres ont postulé sans pouvoir jusqu’ici le démontrer, que les
cellules des patients atteints de SFC sont facilement métaboliquement
épuisées lorsqu’elles font face à tout type de stress,” selon Stephen
Holgate, de l’hôpital général de Southampton. “D’une certaine façon,
cela correspond à la description que les patients donnent de leur
expérience avec le SFC.”
“Il s’agit là d’un pas en avant
majeur, soutenant les études précédentes, qui démontraient que la
fonction mitochondriale peut être affectée dans le cadre de cette
maladie,” selon Karl Morten, de l’université d’Oxford. “Une question
importante est de savoir si la situation de ces cellules blanches se
reflètent dans les autres cellules des patients,” dit-il.
Dans ce cadre, Tomas collecte
actuellement des échantillons de cellules musculaires et effectue les
mêmes tests que sur les cellules blanches. “Il serait intéressant qu’on
arrive à répliquer ces résultats sur les cellules musculaires,”
dit-elle. “Il est important que la population des patients sache que
nous étudions ceci. Les patients pensent parfois que personne ne
s’intéresse à leur cas, mais nous nous y intéressons, et nous cherchons
activement des réponses.”
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