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vendredi 10 novembre 2017

Nouvelle étude: les cellules épuisées des personnes affectées par l'EM

Voici un article publié il y a quelques jours par la Communauté francophone des patients atteints d'EM/SFC et relayé dans son intégralité. 







Nouvelle étude : Les cellules des personnes atteintes par le syndrome de fatigue chronique sont épuisées


Un article paru dans la revue New Scientist le 3 novembre 2017 rapporte les résultats d’une étude publiée dans le journal PLOS One par Cara Tomas, travaillant aux côtés du Pr. Julia Newton et ses collègues à Newcastle en Angleterre.

Le papier, nommé “La production énergétique cellulaire est altérée chez les patients atteints du syndrome de fatigue chronique”, est en accès libre.

Il y a 13 ans, Cara Tomas s’est retrouvée alitée à cause du syndrome de fatigue chronique. La maladie est survenue subitement, dit-elle, sans signe avant-coureur. Encore aujourd’hui, elle a de bons jours et de mauvais jours à cause des effets persistants de la maladie. “De nombreuses personnes rejettent encore cette maladie comme un trouble psychologique, ce qui est extrêmement frustrant,” dit-elle.


Professeure Julia Newton

Tomas en sait plus sur le SFC que beaucoup d’autres personnes. En doctorat à l’université de Newcastle en Angleterre, elle vient de publier un papier démontrant que les cellules blanches chez les personnes atteintes de la maladie sont aussi épuisées qu les patients eux-mêmes. “Nous avons démontré une différence physiologique, qui pourrait expliquer la fatigue corporelle affectant les patients,” dit-elle.
Ces résultats viennent s’ajouter aux nombreuses données suggérant que l’affection a une explication biologique, et ajoute à l’espoir de voir apparaître des propositions de traitements et tests diagnostiques.
Pendant de nombreuses années, le SFC (aussi connu sous le nom d’encéphalomyélite myalgique ou EM) a été source de controverse, certains voyant là une affection physiologique et d’autres un trouble psychologique. Mais cette dernière étude comparant les cellules mononucléées du sang périphérique (peripheral blood mononuclear cells ou PBMCs en anglais) de 52 personnes affectées par la maladie et 35 contrôles sains vient renforcer la thèse d’une explication biologique.

Des mitochondries moins efficaces

Sur presque toutes les mesures de capacité énergétique, les cellules des personnes atteintes par l’encéphalomyélite myalgique étaient moins efficaces comparées à leurs équivalents sains. S’il s’avérait que les autres cellules sont pareillement affectées, cela pourrait expliquer pourquoi de nombreux patients sont alités ou confinés à domicile pendant des mois et ont des difficultés à faire un effort physique même minimal.
“Les cellules des personnes affectées par l’EM/SFC ne pouvaient pas produire autant d’énergie que les cellules des personnes saines,” selon Tomas. “Au seuil de référence, elle ne fonctionnaient pas aussi bien, mais leur niveau de fonction maximum dans toute condition est beaucoup plus bas que les cellules saines”
Tomas et ses collègues ont mesuré l’efficacité des mitochondries et ont établi que celles-ci ne fonctionnent pas correctement chez les patients atteints du syndrome de fatigue chronique.
“Nous avons définitivement démontré qu’il s’agit d’une défaillance des mitochondries,” dit Tomas. “Cela pointe directement vers une affection physiologique, et non psychologique.”
Tomas a mesuré la consommation d’oxygène des cellules dans des conditions normales et lors d’un stress, pour étudier comment celles-ci pouvaient augmenter leur production malgré un taux de glucose faible, une situation forçant les cellules à consommer plus d’oxygène pour compenser. Même au seuil de base, les cellules saines consommait deux fois plus d’oxygène que les cellules des patients atteints par l’EM/SFC. Cette disparité s’accentuait de manière dramatique lorsque les cellules étaient en situation de stress.

Épuisement métabolique

Lors d’un autre test qui poussait les cellules à leur capacité maximum, celles des patients atteints ne pouvaient augmenter leur production mitochondriale que de 47%, à peu près la moitié des 98% d’augmentation observés chez les contrôles sains.

“Ces résultats confirment ce que d’autres ont postulé sans pouvoir jusqu’ici le démontrer, que les cellules des patients atteints de SFC sont facilement métaboliquement épuisées lorsqu’elles font face à tout type de stress,” selon Stephen Holgate, de l’hôpital général de Southampton. “D’une certaine façon, cela correspond à la description que les patients donnent de leur expérience avec le SFC.”
“Il s’agit là d’un pas en avant majeur, soutenant les études précédentes, qui démontraient que la fonction mitochondriale peut être affectée dans le cadre de cette maladie,” selon Karl Morten, de l’université d’Oxford. “Une question importante est de savoir si la situation de ces cellules blanches se reflètent dans les autres cellules des patients,” dit-il.
Dans ce cadre, Tomas collecte actuellement des échantillons de cellules musculaires et effectue les mêmes tests que sur les cellules blanches. “Il serait intéressant qu’on arrive à répliquer ces résultats sur les cellules musculaires,” dit-elle. “Il est important que la population des patients sache que nous étudions ceci. Les patients pensent parfois que personne ne s’intéresse à leur cas, mais nous nous y intéressons, et nous cherchons activement des réponses.”