Aujourd’hui je débute le premier billet d’une série sur le
cannabis médical dont je parlerai de temps à autre, dans les prochains mois. J’avais pensé attendre quelques mois avant d’aborder le
sujet, mais vue l’expérience positive, il importe d’en parler dès maintenant pour que d'autres malades puissent en bénéficier. Je me dis que dans le monde de symptômes
invalidants et de douleurs chroniques de toutes sortes, un peu d’espoir ne peut que tous nous être bénéfique.
Je
vous parlerai donc de mon expérience en tant que consommatrice, et de mes
observations personnelles.
Depuis 3 semaines, j’ai accès à du cannabis médical. Sans crier au miracle, les changements que je
vois opérer dans mon corps valent la peine d'en parler ouvertement. Avant d’aborder ces changements, un petit rappel sur mes
diagnostics actuels. Je vis avec l’encéphalomyélite myalgique depuis plusieurs
années, avec la fibromyalgie ainsi
que le syndrome des jambes sans repos. Toutes ces maladies comportent beaucoup de
douleurs, toutes parties du confort confondues. Ce que je veux dire par là,
c’est que je ne peux pas préciser par exemple, si telle douleur ressentie est
attribuable à telle maladie ou telle autre. À ce tableau, il faut aussi ajouter
une bursite au niveau de mes deux hanches, très douloureuse aussi.
La grande question est : pourquoi consommer du cannabis
médical alors que j’ai déjà des médicaments pour gérer les douleurs?
Je consomme des opiacées et des narcotiques depuis des
années. Comme vous tous probablement, j’ai dû changer souvent de médicaments car
mon corps s’y habituait, et au bout d’un certain temps, il ne répondait pratiquement plus
à la médication.
Récemment, j’ai imprimé la liste des médocs que je prends
depuis tout ce temps, et j'ai vu de nombreuses pages. Morphine incluse. Toute cette
médication a été aidante, pendant un temps.
Mais sa consommation n’est pas sans effets à moyen et long terme sur le
corps. Sécheresse du corps en entier (muqueuses, peau etc.), ce qui impacte aussi ma
santé dentaire, pour ne citer que ce problème. J’ai beau boire des litres et
des litres d’eau, ma bouche est sèche comme le désert. Donc je manque de
salive, une des protections naturelle contre les bactéries. Vous voyez le genre
d’impact? Je dois redoubler d’effort pour protéger ma santé dentaire. La liste des effets sur le corps est longue.
Bref, je rêve de diminuer ces antidouleurs, voire même de
les cesser complètement, mais avec le temps, sans précipitation. Me tourner
vers le cannabis médical est un premier pas pour tenter de remonter un peu la
pente (des douleurs et sommeil pourri), et de reprendre le contact avec mon
corps, si je peux le dire ainsi.
En vrac, voici mes observations :
↓ les muscles habituellement hypertendus un peu partout de
mon corps, sont un peu plus détendus que
d’habitude. Par exemple, les douleurs intenses aux mollets sont encore
présentes, mais de façon un peu plus atténuée. Aux bras aussi. Elles ne sont
pas absentes, mais moins élevées, donc plus « vivable ». Moins de douleurs= un peu plus d'énergie pour soi.
↓ Au réveil, les jointures de mes mains sont habituellement
un peu enflées. J’ai remarqué qu’avec le cannabis médical, cette enflure est de
beaucoup diminuée. Au point que je peux ouvrir et fermer ma main sans douleur et
facilement. À confirmer avec le temps et l’utilisation. Je ne sais pas pourquoi
mes mains étaient enflées le matin.
↑ Mon humeur est un peu plus légère. Je ne suis pas dépressive,
mais parfois déprimée, comme si j’ai une sorte de nuage gris qui flotte au
dessus de ma tête. Il semble que le cannabis médical allège un peu cette
humeur. Comme si le nuage gris est un peu plus clair, au point où je vois même
un peu de ciel bleu….! Évidemment, je ne
vais pas me transformer en humoriste pour autant. Je me suis même entendue
rire aux éclats: j'étais étonnée moi-même. Un effet intéressant à mon sens.
↓ Le fameux sommeil……Je remarque que mon temps
d’endormissement est un peu plus court que d’habitude. Bien sûr, si je suis en
crash (malaise post-effort), le cannabis médical ne va pas opérer de miracle et
effacer le crash. Il faut éviter à tout
prix de dépasser ses limites avec l’encéphalomyélite myalgique. Si je ne suis
pas en crash, le temps d’endormissement habituel est donc coupé de moitié environ.
Dans mon cas, deux heures sont parfois nécessaires pour arriver à m’endormir
mais avec le cannabis médical, une heure environ pour y arriver. Pour le
moment, je ne sens pas encore que la qualité de sommeil a augmentée. Je
soupçonne qu’il me faudra probablement augmenter les dosages.
↔ Somme toute, je sens que le cannabis médical "travaille" en douceur dans mon corps, sans toutefois avoir la sensation que cela force quelque part. Je ne dis pas que cela guérit tout, loin de là. Aussi, il faut savoir que le cannabis médical ne convient pas à tout le monde. Ce que je dis, c'est que je sens et vis des effets positifs et bénéfiques sur mon corps. Je ne suis pas guérie pour autant, bien entendu.
Dans mes recherches sur les maladies et l’utilisation du
cannabis médical, je me rends compte que ce cannabis est vieux comme le monde,
et qu’il est utilisé depuis la nuit des temps. Les enjeux sociaux entourant le
cannabis médical que je note actuellement sont les suivants :
-il y a un tabou évident (gros comme l’éléphant dans la
pièce qui casse tout) entourant le cannabis médical, et sa consommation.
Les utilisateurs semblent discrets et souvent, invisibles (sauf dans une
clinique cannabis médical, bien entendu), et s’exposent peu à en parler
publiquement.
-il y des inégalités de connaissances sur le cannabis
médical chez plusieurs professionnels de la santé. Il semble y avoir de la
méconnaissance sur ce qu’est le cannabis médical, sans parler de ses effets sur
la santé des personnes malades. Pourquoi? Il y a fort à parier qu’ils n’ont pas
suivi de formation à ce sujet. Pourtant, mon rhumatologue qui n’est plus très
jeune, semble assez renseigné sur le sujet, contrairement à mon médecin de
famille, plus jeune, qui n’est pas à l’aise d’en parler.
Quels produits consommer et comment se les procurer?
C’est suite à une conversation avec une des infirmières du
projet de recherche du Dr. Moreau qui me relatait l’expérience positive de
consommation de cannabis médical d’un autre participant, que je me suis décidée
à parler de cannabis médical avec mon rhumatologue. Ce dernier s’est montré
très ouvert à recommander (ou « prescrire ») un rendez-vous dans une
clinique de cannabis médical de la ville, assorti du diagnostic de fibromyalgie.
Il semble que pour le moment, il n’y a que certaines maladies précises qui
peuvent être traitées. Mon rhumatologue m’a dit que plusieurs de ses patients
consommateurs de cannabis médical ont rapporté des effets bénéfiques sur leur
santé.
Suite à cela, j’ai contacté la clinique de la Croix verte. J’ai
fais parvenir la recommandation du médecin ainsi que la liste de mes
médicaments à la clinique. Ensuite, la clinique nous fixe un rendez-vous. Sur
place, on nous explique les effets du cannabis sur notre santé, les effets positifs/négatifs,
les précautions à prendre etc. En fonction de notre profil de santé, on nous
propose des produits de cannabis médical sous différentes formes (suppositoires,
huile CBD et huile THC, crème, gélules etc.), et selon la concentration que
nous avons besoin. Il est aussi possible que le cannabis médical ne nous
convienne pas, alors le conseiller se chargera d’expliquer pourquoi.
On nous attribue un dossier où tout est noté, et un suivi régulier
est proposé au client, avec une carte de membre. Il n’y a pas de coût
d’ouverture de dossier contrairement à d’autres cliniques. Il faut savoir aussi
que la clinique croix verte ne lésine pas avec la sécurité, car dès qu’on entre,
il faut s’identifier avec une pièce d’identité laissée à la réception.
Pour revenir à mon propre rendez-vous, la conseillère a proposé
le suppositoire, une des formes qui serait apparemment la plus rapide à agir
mais dont les effets peuvent durer jusqu’à douze heures. Cette solution convient
surtout à mon mon dodo non réparateur et agité par les douleurs et les
myoclonies. Elle a aussi proposé de l’huile CBD avec un petit peu de THC, à
prendre 3 fois par jour, par la bouche, sous la langue. Je suis repartie avec
des suppositoires et de l’huile CBD et THC pour une semaine, et j’ai pu me
réapprovisionner facilement pour deux semaines supplémentaires, en me rendant
sur place. La clinique offre aussi un service de livraison pour ses clients. Leur approche est davantage du style "communautaire".
Il y a aussi la clinique Santé Cannabis, qui semble fonctionner davantage comme clinique privée. Il y a des frais d'ouverture de dossier. Pour plus d'information: https://www.santecannabis.ca/
Voici une autre clinique, celle fondée par l'auteure Véronique Lettre (voir plus bas) http://veroniquelettre.ca/clinique-cannabis-medical/.
Je ne me lancerai pas dans l’explication chimique des effets
du cannabis médical : c’est complexe, et de plus, je considère qu’il
existe suffisamment de textes et de livres sur ce sujet qui peuvent nous
renseigner par nous-mêmes.
Pour ceux intéressés à échanger avec moi sur ce sujet, vous pouvez me contacter sur Facebook ou m'écrire à mwasikitoko07@gmail.com
En terminant, pour ceux intéressés à approfondir le sujet, voici un article et des ouvrages à consulter:
Un très bon article de vulgarisation sur le cannabis par Marie-Josée Denis, naturopathe: http://mariejoseedenis.ca/2018/12/17/le-cannabis-medical-un-nouveau-tournant-pour-la-sante/
Le livre Le cannabis médical. Le connaître et
l’utiliser, par Véronique Lettre. Un petit livre tout simple où l’auteure québécoise met à
profit son expérience personnelle et professionnelle sur le cannabis médical. « Convaincue du
potentiel thérapeutique du cannabis, Véronique Lettre s'est donné pour but de
démystifier cette plante aux vertus médicinales. Diplômée de la THC University,
au Colorado, et ayant suivi à Los Angeles un cours auprès d'un chef spécialisé
qui lui a appris comment la cuisiner, elle vulgarise ici ses connaissances
acquises au fil des ans.
Cet ouvrage s'adresse d'abord aux patients qui possèdent déjà ou qui souhaiteraient obtenir une ordonnance pour le cannabis médicinal afin de traiter des symptômes et des affections.
On y explique avec sérieux et rigueur cette nouvelle approche pour se soigner. On y montre également comment faire son beurre et son huile de cannabis pour l'intégrer à son alimentation ». http://www.editions-trecarre.com/cannabis-medicinal/veronique-lettre/livre/9782895687580
Je suis à lire celui plus haut. L’auteure est une pédiatre
américaine qui relate également son expérience personnelle et professionnelle
avec le cannabis médical pour traiter des enfants gravement malades. Les
histoires sont fort intéressantes et pertinentes, pour ceux qui sont curieux et
qui veulent en connaitre davantage sur ce traitement naturel.
Est ce que ça vous a permis de diminuer les opiacés? Je vis des douleurs chronique depuis 2001 et même depuis toujours….sans médication sauf la dose minimale de 30 mg de cymbalta et ajout récent d Abilify minime ….ainsi que 2 médications pour dormir , j ai essayé le cannabis normal mais beurk et pas d effet
RépondreSupprimerBonjour mimibug. Désolée du retard à vous répondre. J'ai effectivement cessé un opiacé. Mon objectif maintenant est d'arriver à me sevrer des narcotiques que je prends. Mais il faut le faire avec supervision médicale, plus sécuritaire. Vous avez essayé le cannabis sous quelle forme au juste? Ça m'intrigue...
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