Bon, d'accord.
J'avoue que le titre fait un peu trop mélodramatique.
Reste que c'est ainsi que je le sens.
J'ai effleuré le sujet récemment, à savoir qu'à près de 54 ans, j'ai déjà mené bien des combats.
Mais celui-ci est de taille: se battre contre son assureur.
Employée permanente, j'ai payé -comme tous mes collègues-, l'assurance-emploi, la régie des rentes du Québec, le syndicat etc., et les primes de l'assureur, et ce, pendant des années.
Je croyais que j'étais entre de bonnes mains, que j'étais en "sécurité".
Il n'y a aucune garantie que l'assureur "croit" en votre état de santé: cette reconnaissance douteuse de maladies n'est pas reliée qu'à la fibromyalgie et l'encéphalomyélite myalgique. En effet, plusieurs reportages réalisés au Québec sur le sujet, indiquent que plusieurs compagnies d'assurance refusent d'indemniser des assurés pour bien d'autres maladies: tumeur au cerveau, cancer etc., sous prétexte que l'assuré SIMULE sa ou ses maladies.
Je sais. Juste lire le mot "simule" fait lever le coeur! Et selon mon humble avis, l'utilisation de ce mot comporte un objectif précis: c'est tellement gros comme mot qu'on ne peut que s'indigner et....avoir peur. Que faire avec un mot aussi fort et aussi...fou?
On comprend alors qu'il est question de se battre, de faire front. Ça fait peur, ça donne le vertige. Je comprends ceux qui choisissent de baisser les armes, de lancer la serviette. Le mot est fort: simuler. Et ces compagnies le font sciemment, pour injecter une forme de découragement, dont le but est d'agir comme un "paralysant" sur l'assuré malade.
Quand on est malade, on est déjà dans un état de vulnérabilité physique et moral des plus intenses: comment combattre, justement? Comment trouver la force, l'énergie, les personnes-ressources pour être aidé, supporté?
Pour ma part, j'ai choisi de me battre. De faire valoir mes droits.
Je ne pouvais voir d'autre alternative que le combat. Pas facile de relever les manches alors qu'on est déjà au tapis!
J'ai cherche et trouvé un avocat spécialisé en assurance-invalidité avec qui nous avons négocié une entente. Car vivre de l'aide sociale ne permet certes pas de payer un avocat et l'aide juridique ne peut prendre de telles causes. Mais il y a moyen de trouver de l'aide: à force de patience, d'ouvrir l'oeil, demander l'aide de l'
AQEM ou d'autres organismes
peut vraiment une différence si vous êtes englué dans la même situation.
Je ne dis pas que c'est facile. Il y a des jours où j'ai l'impression que cette poursuite n'en finit plus de finir! Il y a des jours où j'ai peur, d'autres où je suis confiante.
Il y a des jours où le désespoir a de l'emprise sur moi.
D'autres où mon moral est ok.
D'autres où j'ai de la patience à revendre, d'autres où j'en manque cruellement.
Il y a des jours sombres où mon humeur ne va pas.
Il y a des jours lumineux où oui, je me sens légère, confiante.
Je préfère nettement ces derniers, pas besoin de vous faire un dessin.
Et quand je perds de vue pourquoi je me bats, je reviens à la base: pourquoi est-ce que je me bats, au juste?
Je me bats d'abord pour moi.
MOI.
Puis je le fais aussi pour ma famille, mes petits enfants, mes arrière-petits-enfants...
Je me bats aussi pour ceux qui souffrent de fibromyalgie et d'encéphalomyélite myalgique au Québec, puis ailleurs dans le monde. Des hommes, des femmes, des enfants, des adolescents qui souffrent des mêmes maladies invalidantes, souvent incomprises sinon méconnues.
Ce n'est pas je veuille alourdir ma vie en prenant le monde sur mes épaules: mon petit univers suffira amplement. Mais j'ai conscience que nous sommes tous interreliés, d'une manière ou d'une autre, et que lorsqu'une personne se bat pour des injustices dans sa vie, c'est tout son entourage qui est aussi touché par ces injustices d'une part. D'autre part, quand on remporte ce type de combat, c'est aussi tout l'entourage du combattant qui en bénéficiera.
J'apprends à me tenir debout, chante Fred Pellerin.
Et c'est dur.
Peut-on s'amuser à penser à un "
effet papillon", qui dit "
qu'une cause minime puisse avoir des conséquences considérables" ? J'aime à le croire. Et si d'autres personnes sont dans ce même combat, j'espère de tout coeur qu'elles trouvent l'aide dont elles ont besoin pour tenir le coup...
Pour ma part, j'ai tout un comité de "sages" qui m'entoure: j'ai des amies à Terrebonne qui jouent le rôle de mentor et de "défoulement", j'ai une amie à Québec qui est ma grande confidente de tous les jours depuis près de trente-trois ans :), j'ai un supporter précieux à Calgary qui suit de près ma cause etc. Et c'est sans compter aussi sur quelques membres de l'AQEM qui suivent les développements émotifs et juridiques de mon histoire.
Je tiens le coup.
Dans quelques jours, ce sera l'interrogatoire d'un représentant de l'assureur, dans leurs bureaux, le siège de "l'ennemi". J'y assisterai, bien sûr. Je suis curieuse de voir et d'entendre ce que mon avocat réussira à aller chercher...
Je mentirais en disant que je prends ça vraiment cool, que ça ne me dérange pas.
J'ai déjà un petit "shake intérieur" de stress, un petite montée d'adrénaline qui amollit déjà mes jambes. Réaction normale. Il me faudra travailler une attitude de "poker face", c'est à dire contrôler le non-verbal.
Pas grave, on n'en meurt pas.
Je vais tenir ce combat. Je ne craquerai pas.
Je fais attention aux promesses, maintenant....alors je n'en ferai pas.
Mais une chose est certaine: je ferai tout pour tenir le coup jusqu'à ce qu'un juge se prononce sur mon dossier.
Et je suis profondément convaincue que nous l'emporterons.
"Avec le temps, et la patience, on peut faire cuire un éléphant dans un petit poêlon", parait-il...
Bonne journée,
Mwasi Kitoko