mardi 15 mars 2016

Ce qui me fait du bien :) partie 1


À 5:23 ce matin, mes yeux se sont brusquement ouverts: une douleur lancinante à l'épaule gauche était là, bien présente. Forte. Comme si quelqu'un venait tout juste de me frapper d'un grand coup de poing. Ouch.....J'ai mis ma main droite sur mon épaule, un réflexe que nous avons probablement tous quand une partie de notre corps fait mal. 

Cette drôle de douleur s'est peu à peu calmée, mais je n'ai pas pu me rendormir malgré l'envie de replonger dans le sommeil. Pas facile de se faire réveiller et de vivre avec la douleur. J'ai souvent l'impression que son emprise ne me lâche presque jamais, comme si la douleur est en quelque sorte en arrière scène continuel dans la trame de ma vie.

Et ça, ce n'est pas nécessairement facile ni à vivre, ni à accepter.
Mais ce n'est pas le sujet du jour.

J'aimerais vous parler de ce qui me fait du bien au quotidien

De manière générale, je me suis rendue compte que je gagne à ralentir physiquement: j'ai réalisé que j'en fais encore "trop". Pas mal trop. 

Pourquoi? Je pense qu'il y a plusieurs raisons à cela:

-j'étais/je suis de nature enjouée et enthousiaste, en général. Réalistement, je ne crois pas que l'on change vraiment le fond notre nature, même quand on est malade: mon élan naturel est encore présent. Sauf qu'il me faut coordonner ma nature avec le corps que j'ai. Les deux doivent se parler impérativement :) 

-J'ai pris conscience que je vis dans la peur. Oui, j'ai peur! J'ai peur de perdre mes capacités, j'ai peur de ne plus être en mesure de bouger comme je bouge, de marcher comme je marche, de faire ce que je peux faire actuellement. Et cette peur de devenir de plus en plus faible, voire même d'être clouée au lit me taraude, m'obnubile. La peur est une mauvaise conseillère dans ce cas-ci. Car si c'est la peur qui me motive, le risque est élevée de dépasser mes limites physiques. Ce que je fais, bien entendu.

-Une deuxième peur m'a montrée son visage: j'ai peur de dépendre de mon entourage pour faire un paquet de choses telles que les courses, le ménage, les rdv et que sais-je. Pourtant dans les faits, j'ai besoin d'aide, et jusqu'à un certain point, je dépends de mon entourage pour plusieurs choses. Je me demande aussi jusque dans quelle mesure le fait d'avoir vécue de nombreuses années comme chef de famille ne joue pas aussi dans cet élément: je me suis toujours débrouillée toute seule. Et l'habitude n'est pas facile à changer.  J'ai besoin de l'aide de mon entourage, mais pour être honnête, je n'y ai pas suffisamment recours. À cause de cette peur. Y a du boulot, ici.


Dans mon journal que j'ai relu, j'ai constaté que ralentir physiquement a un impact sur mon moral (nettement meilleur), ce qui m'amène à un autre élément important: je gagne à ralentir moralement/mentalement.

Les personnes qui vivent avec l'encéphalomyélite myalgique, la fibromyalgie etc., vivent souvent de l'angoisse, du stress etc, je crois que nous avons une fragilité particulière dans ce domaine. J'ai réalisé que cet état d'angoisse flottant n'est pas très loin, comme en arrière-plan de mes pensées quotidiennes.  De temps à autre, je médite. Et ces derniers temps, je m'y suis remise de façon un peu plus sérieuse. Il y a tant d'écrits, de textes, de recherches, de livres et de sites web qui traitent de la méditation! J'ai beaucoup lu sur le sujet, et à un certain moment, je me suis dit qu'il était temps de mettre en pratique tout cela. 

Je me suis rendue compte que la méditation, c'est une affaire bien personnelle quant au style, le comment faire et surtout, le comment être. Pour moi, méditer ne relève pas du livre de recettes dont on suit fidèlement les étapes. La façon dont je vois la méditation, c'est plutôt du genre, médite comme tu le sens. Pour ma part, la méditation est un outil qui me permet de me centrer sur la partie divine en moi, mais qui ne relève pas d'une religion quelconque mais plutôt du monde spirituel. 

Dans mon corps malade se trouve aussi un esprit. Un esprit qui lui aussi, a besoin d'attention, d'être nourri, protégé, chouchouté, "entretenu". On accorde tant de place à notre corps: pourquoi ne pas accorder aussi de la place à notre esprit?
 
Méditer, c'est me poser dans ce lieu sacré qui est en moi. C'est un lieu, un espace où il y a du calme, un paysage magnifique que moi seule peut voir et vivre. Je visite cet espace, je m'y refais. Il y a la paix, le contentement, la satisfaction de respirer lentement, calmement. Et quand les douleurs corporelles se faisaient sentir, j'avais tendance à décrocher de cet état de calme que me procurait la méditation. 

Récemment, j'ai compris qu'il me fallait non pas cesser de méditer à cause des douleurs, mais plutôt de chercher à les inclure à la méditation: s'il faut bouger un peu, me lever pour me dégourdir les jambes ou les bras, alors je le fais. Je garde ma concentration sur la méditation, et sur l'état de calme intérieur. Je parle à ces douleurs en leur disant: "oui, je sais que vous êtes là. Continuons ensemble la présence ou visite de cet espace paisible". En reconnaissant leur existence, je les incluent ainsi dans la méditation, et je décroche moins.  Je crois qu'il nous fait inventer des façons de faire pour ce qui est de la méditation -ou de ce qui nous fait du bien-, lorsque nous sommes malades, si on le peut. 


Ces séances de méditation ou de calme intérieur ont des effets positifs à deux niveaux: je me sens plus reposée et posée moralement/mentalement. Le rythme des pensées diminuent, l'angoisse diminue également. Et ce n'est pas tout, car je sens aussi des effets bénéfiques sur mon corps: mon rythme cardiaque diminue, mes organes internes et tout mon corps ont eu du temps de qualité pour ralentir le rythme. Ra-len-tir

J'ai révisé aussi mes idées à propos de la méditation, et j'ai vu que j'en faisais une affaire de performance, je me mettais la barre trop haut. Finalement, je médite à mon propre rythme, quand je le veux et comme je le peux, en y apportant tout ce que je suis. Et s'il faut danser ou bouger, eh bien je danse :) 



Pieds de céleri qui repoussent :)

Les contacts avec le vivant, et la nature sont essentiels à ma vie. Que ce soit de prendre ma marche quotidienne -même si c'est en pleine ville-, d'enfoncer mes mains dans la terre, d'écouter les chants des oiseaux sur mon balcon, tout cela contribue à me faire du bien.

J'adore faire des expériences maison, et je suis fière de vous partager celle-ci: j'ai découpé les bases de 3 pieds de céleri que j'ai déposé dans un contenant en vitre avec un peu d'eau. En moins d'une semaine, les 3 ont repoussés facilement, que j'ai plantés en terre. Et les pousses sont magnifiques! Très drues, elles s'élèvent du sol presqu'à vue d'oeil. On dirait quasiment des arbres :)

Je suis un peu comme un enfant qui revient de l'école avec son petit plant qu'il a fait pousser. Bien que ça demande un peu de force et d'énergie, j'adore faire pousser ce genre de trucs pour voir les résultats, et bien sûr, m'en régaler par la suite. Au Québec, notre porte-feuille pour la saison froide a bien souffert des prix élevés du céleri :)   Ça a titillé mon imagination, je crois.

Si je résume, ce qui me fait du bien au quotidien sont: ralentir physiquement, ralentir moralement/mentalement, et le contact avec le vivant/la nature.

J'aurai certainement d'autres éléments à ajouter à ce qui me fait du bien.

Et vous, y a-t-il quelque chose qui vous réussit particulièrement, qui vous fait vraiment du bien?


Mwasi Kitoko

samedi 12 mars 2016

L'arrivée du printemps



L'hiver 2015-2016 au Québec aura été marqué par les changements climatiques: un hiver plus doux, peu de neige, et peu de froid intense. Tant mieux! Qui va s'en plaindre? Certainement pas moi, car bien que j'aime l'hiver, je n'apprécie certes pas ses effets néfastes sur mon corps. 

C'est bien connu, ceux qui souffrent de fibromyalgie et d'encéphalomyélite myalgique tolèrent mal le froid.

En buvant mon café, j'écoutais la radio et j'ai appris que les oies blanches sont de retour, et elles ont été vues en train de se ravitailler vers la région de Sorel. C'est réjouissant. Car même si les températures sont plus douces qu"à l'habitude, reste que la neige peut bien encore tomber, nous gardant en réserve, peut être, une dernière tempête? Ce ne serait pas la première fois....Pourtant, cette nouvelle des oies blanches déjà arrivées semble indiquer que le printemps est bel et bien en train de prendre place, avec ses odeurs merveilleuses, ses rayons de soleil tout doux et sa verdure stimulante.

Tournée d'hôpitaux


Cette semaine, j'ai vu mon rhumatologue et mon neurologue, qui sont dans deux hôpitaux différents de la ville. Sachant que mon énergie est meilleure le matin, j'ai eu la chance d'obtenir ces rendez-vous en matinée. 

Il y a peu à dire sur ces rendez-vous finalement, je m'en rends compte. Je relis mes journaux, je relève les nouveautés ou les questions sur ma santé. Une préparation digne d'un dossier de ministre, je le vois bien! Je prends tout cela bien au sérieux, et je me rends compte qu'une fois dans le bureau du médecin, le tout se déroule très vite, et j'arrive même à oublier de parler de certains détails! Tout va vite pour moi. Ce que je constate, c'est que même bien préparée, il m'arrive quand même de m'emmêler les pinceaux avec mes feuilles de notes. Un mélange de stress avec un cognitif déconcentré et embrumé. 

Pas grave. J'arrive à dire l'essentiel. 

En rhumatologie, j'ai expliqué comment mes nuits sont difficiles, trop de réveils causés par les douleurs. On augmente un des deux antidouleurs, à l'essai. Selon mon médecin, inutile d'ajouter quoi que ce soit, car j'ai un sommeil fracturé quoique je fasse ou quoique je prenne comme médicaments. 

Un sommeil fracturé. Ok. Comment le défracturer? À suivre.

Le rendez-vous avec le neurologue visait à faire le point sur le sevrage d'un benzodiazépine que je prends depuis plusieurs années. Douleurs, réveils la nuit, même chanson avec le 2e médecin. 

Les réveils et douleurs actuels ne seraient pas liés au sevrage, selon lui. Nous devrons nous revoir, une fois que j'aurai subi la polysomnographie, et les résultats de cette nuit d'observation nous donnerons un portrait de ce qui se passe dans ma vie nocturne de chauves-souris :)
  
Tout s'emmêle: la fibromyalgie (douleurs et +), l'encéphalomyélite myalgique (douleurs et +), syndrome des jambes sans repos ou Eckbom (douleurs et +). C'est comme une sorte de tresse à 3 brins dans mon corps.

Alors voilà où j'en suis en ce samedi, où on nous annonce une douzaine de degrés.  Par ma fenêtre, je vois que la neige a pratiquement disparue des parterres, et il y a même de petites plaques de verdure qui osent poindre ici et là. 

Mon état d'esprit? Calme. Et je ne peux que me rappeler qu'il y a à peine quelques jours, le froid nous saisissait encore de sa poigne de fer. Soudainement, il relâche son étreinte. 

Un peu comme les différents événements de la vie, finalement.


Gousse d'ail endormie sous la neige. Prometteur.


Bien sûr, c'est la ronde des saisons qui fait cela. Aussi à la fois, cela me rappelle que la vie EST changement. Constamment. Et que sous les apparences de mort, de silence, ou d'inactivité, bien des mouvements et des changements sont là, et arriveront

C'est une question de temps, de patience même quand les signes ne semblent pas être au rendez-vous. Comme les gousses d'ail que j'ai planté dans ma cour: elles ont passé l'hiver sous la neige, endormies. Bientôt, elles sortiront de leur sommeil pour se mettre à pousser (peut être même est-ce déjà commencé? :), et nous offrir leur chair merveilleuse et savoureuse. J'en salive déjà!

Il est 8:22 sur Montréal. Le soleil éclatant m'appelle.
 
Vous ne m'en voudrez pas si je vous laisse par ici, c'est trop tentant :)


Bonne journée de printemps,

Mwasi Kitoko




mardi 8 mars 2016

Relais avec le billet de Toni Bernhard


Force tranquille de la nature: un symbole qui m'inspire.



Au moment où j'écris ce court billet, je me prépare pour me rendre à l'hôpital pour rencontrer mon rhumatologue. J'ai l'air d'en faire tout un plat, et c'est un peu le cas dans un sens: je ne le vois qu'aux 6 mois, j'ai donc tout intérêt à bien me préparer et surtout, de faire le tour de ma santé et d'en oublier le moins possible. Même si je me prépare, il m'arrive d'en "échapper" comme on dit si bien.

Je ne sais pas si vous avez lu le dernier billet de Toni Bernhard où elle relate comment s'en sortir quand, en tant que personne vivant avec l'encéphalomyélite myalgique, on doit parfois composer avec des situations imprévues à gérer émotivement/physiquement. 

Si ce n'est pas le cas, je vous encourage à le lire, car c'est très inspirant (en anglais): https://www.psychologytoday.com/blog/turning-straw-gold/201603/secret-surviving-rough-day.

Les conseils de Toni sont et seront éclairants pour les prochaines semaines à venir. 


Bonne journée,

Mwasi Kitoko





samedi 5 mars 2016

Tranche de bonheur



Aujourd'hui, je vous livre en images une belle grosse tranche de bonheur vécue hier avec presque toute ma famille. Un de mes filles a lancée l'idée d'une rencontre familiale au jardin botanique de Montréal où se tient l'évènement annuel papillons en liberté.

Ma dernière visite remontait à six années déjà, alors ce fut un moment quasi historique de mon point de vue. Bien préparée, aller visiter les papillons et les serres du jardin est possible pour les personnes vivant avec l'EM: j'ai utilisé des bouchons pour les oreilles (le niveau de bruit peut être dérangeant) et il y a possibilité d'emprunter une chaise roulante pour circuler, et différents endroits aménagés pour s'asseoir au gré de notre visite. J'ai marché lentement pendant un temps, et j'ai également utilisé une chaise roulante, ce qui s'est avéré très précieux quand l'énergie est devenue plus basse. J'en ai pour des semaines à me rincer les yeux de toute cette belle tranche de bonheur  :)

Mes petits enfants étaient sous le charme, et j'ai remarqué combien presque toutes les personnes se "détendaient" lentement dans l'ambiance humide et chargée de parfums des serres chaudes remplies d'arbres et de plantes tropicales dès plus incroyables. 

Un des pavillons est spécialement aménagé pour accueillir spécifiquement des papillons merveilleux, grands voyageurs car ils sont en quelque sorte "importés" pour cet évènement dont on ne se lasse jamais à Montréal, car très...beau. Tout simplement.  Les papillons volaient un peu partout, tout légers. On aurait dit des petits mouchoirs colorés et bien vivants qui au gré de leurs mouvements, se posaient sur les arbres, sur les gens etc.

Les odeurs et la chaleur des serres m'ont enveloppé et j'ai vécu une sorte de mini-printemps savoureux pour le coeur et le corps.  Et que dire d'avoir presque tout mon petit monde avec moi :) 

Voici quelques photos croquées au jardin botanique et ses merveilleux papillons, très beaux et si majestueux avec différentes couleurs toutes plus vivantes les unes que les autres. 


Bon samedi à vous,


Mwasi Kitoko 


Entourés de beautés et d'odeurs paradisiaques du jardin botanique


Beauté bleue calmement posée sur le feuillage



  





Le restaurant des papillons. Fascinant!


Papillons nacrés: on voit même au travers des ailes :)




Un pamplemousse. Vu car j'étais en chaise roulante :)



jeudi 3 mars 2016

Préparation aux rendez-vous médicaux

Journal où je consigne mes notes...


Depuis la semaine dernière, j'ai passé plus de temps à la maison que d'habitude.

Il y a le fait que le cercle "douleurs/épuisement/douleurs" est présent et plus fort. J'ai pu aller prendre un peu d'air, limité à mon balcon, mais j'ai quand même pu le faire. Forcée de ralentir un peu plus.

Pourtant il y a deux jours, on m'a prêté une voiture et j'ai donc pu aller faire quelques achats alimentaires avec une de mes filles. Mais quand j'ai quand même constaté que la conduite a quelques petits défis: tourner la tête pour visionner ce qui m'entoure fait MAL aux trapèzes, au dos. Attraper la ceinture de sécurité du conducteur pour s'attacher? Je dois replier le bras sur moi-même puis le pousser vers le haut...ouch.......

J'ai tellement apprécié qu'elle soit là, je n'arrêtais pas de la remercier! Mes étudiantes sont en semaine de relâche, elles sont donc davantage présentes à la maison, ce qui peut s'avérer avantageux pour obtenir de l'aide. Tiens, justement, elles en ont profité lundi, pour faire une super "tornade blanche" dans la maison, et elles ont nettoyé des endroits que l'on nettoient rarement. Par exemple, dégager un garde-robe trop rempli, nettoyer le sol en profondeur (impossible pour moi) etc. 

Je ne sais pas ce que je ferais sans elles....en tout cas du moins ces jours-ci.  Et ça me pose question sur le comment-je-ferai-ça-une-fois-seule, c'est inévitable. On verra "dans le temps comme dans le temps", disaient les vieux au Québec.

Je suis à relire mon journal où je consigne mes réflexions/observations sur ma vie, ma santé: j'ai quelques rendez-vous médicaux à venir en mars.  Probablement que je me répète, mais l'écriture de ce journal au jour le jour, me permet de me relire et d'avoir une vue d'ensemble des dernières semaines, et de voir les constantes qui s'en dégagent. Comme vous pouvez le constater, j'achète un cahier bien ordinaire pour écrire.

Ainsi, j'ai pu constater que les douleurs qui se produisent la nuit, me réveillent et me causent de plus en plus de difficulté: c'est un point majeur, je fais beaucoup d'insomnies. Diminution du rythme sur le plan physique, et plus spécifiquement cognitif: le traitement de l'information est plus lent qu'avant. Ainsi, si on me donne des consignes à suivre, je dois souvent faire répéter la personne, et prendre aussi des notes.  

Un passage en particulier, m'a frappé. "Je me demande ce que je dois faire de moi, de ma vie. Comme si je suis encore dans un élan, dans une lancée, et que j'ai perdu l'inspiration en m'envolant? Je ne sais pas. C'est long, lent, calme, silencieux, et c'est fort probablement ce dont j'ai besoin pour vivre maintenant."

Je suis restée à relire ce petit passage. J'y sens l'expression d'un deuil de ma vie "d'avant", vie dans laquelle je bougeais beaucoup, où j'avais des tonnes d'idées, de projets et des montagnes d'énergie vitale pour TOUT faire. Ou presque. Le constat comme quoi ma vie se déroule plutôt sur un petit sentier bien calme est un constat frileux, fragile. Mais il me plaît, ce constat. Je sens pointer une forme d'acceptation de ce nouveau rythme imposé mais que je finirai bien par embrasser, finalement. Je sens aussi un certain lâcher prise....

Il me faut du temps. Encore et encore du temps.

Bien que je sois en arrêt de travail depuis presque 4 années, je suis encore à apprivoiser et à actualiser ce nouveau rythme de vie,  qui n'a pas l'air d'être temporaire. Je crois bien que ce rythme sera LE rythme "normal" de ma vie présente et future. 

Tout ça grâce à ce journal où je griffonne quelques mots au passage, passant un ou 2 jours, pas plus. Même télégraphique, ces notes -j'y reviens toujours-, sont importantes à tenir. En outre, j'ai de gros problèmes de mémoire. Une vraie blague....Alors ces notes sont le reflet de ce que je vis, de ce qui se passe dans ma tête et dans mon corps. 

Chaque fois que j'ai l'occasion de relire mes notes, je suis impressionnée par ce qu'elles me révèlent sur moi-même: mes angoisses, les nuits blanches, des douleurs fortes, des humeurs joyeuses/irritables, des pensées plaisantes tout autant que frappantes par leur lucidité, des bons coups, de bonnes idées, des bravo etc. 

Je n'ai pas encore terminé de relire mes notes -je remonte à septembre 2015 jusqu'à maintenant-, mais déjà, j'ai deux pages de notes manuscrite et écrites à gros traits. Bons sujets de discussions avec mes médecins dans les prochains jours. 

Je vous laisse sur ces quelques lignes chers lecteurs.


Bonne journée à vous,

Mwasi Kitoko


 

mercredi 24 février 2016

Spontanéité

Bol d'air de balcon aujourd'hui :)


En prenant un de mes bols d'air quotidien récents, j'ai réfléchi sur le thème de la spontanéité. Je me disais que bien avant l'apparition de l'encéphalomyélite myalgique (EM), la spontanéité prenait une grande place dans ma vie. Par exemple, quand mon emploi du temps me le permettait, il m'arrivait de décider à la dernière minute de faire une activité plaisante ou bien de lancer une invitation improvisée pour un repas entre amis.

En y regardant de plus près, je ne m'étais pas rendue compte que peu à peu, cette spontanéité est de moins en moins présente dans ma vie, et pour cause: il m'est difficile de prévoir mon état de santé au jour le jour.  Il arrive des moments où mon état peut changer pratiquement d'une minute à l'autre, ce qui ne cesse de m'étonner, même après tout ce temps. 

Cet aspect soudain et imprévisible de mon énergie et du niveau des douleurs fait en sorte qu'il est préférable -même si ardue-, de développer une sorte d'antenne d'évaluation personnelle énergétique fonctionnant en permanence: je crois intimement que c'est possible de le faire, mais que cela demande beaucoup de temps, certainement pas mal de patience, d'essais et erreurs, et surtout, beaucoup d'amour envers soi-même. 

Hier soir, je me réjouissais de mon rendez-vous avec le travailleur social du CLSC de mon quartier. Ce matin, la réjouissance a plutôt cédée la place à une évaluation de ma batterie énergétique: j'ai eu une nuit d'insomnie peuplée de rêves étranges, mais surtout de plusieurs réveils par les douleurs un peu partout. Ayaye!  L'espace de quelques minutes, j'ai été tentée de "forcer" et de m'y rendre, malgré tout. Remarquez le mot utilisé: forcer....ouch. Ça en dit long! Heureusement, la partie sage de ma personne a insisté gentiment mais fermement: "pas raisonnable, ma grande. Pas d'énergie suffisante. Problèmes en vue sur plusieurs jours si tu vas à ce rendez-vous....ça te dit quelque chose? Aujourd'hui, ce sera un bol d'air de balcon. Point." 

La batterie énergétique n'est pas au rendez-vous, et cette dernière est la base première de ma vitalité. 


Spontanéité


La spontanéité est-elle encore possible quand on vit avec l'EM? Je persiste à crois que oui. Cependant, je crois qu'elle ne peut prendre place qu'avec une ampleur différente de celle d'avant l'apparition de la maladie, au risque de se retrouver sérieusement "au plancher" physiquement et inévitablement aussi sur le plan moral. Un autre ingrédient s'avère important aussi: c'est la compréhension de notre entourage. Je sais que pour plusieurs personnes vivant avec l'EM, cet ingrédient essentiel n'est pas présent, et cela me désole pour eux. Si nous n'avons pas cette empathie de l'entourage, la personne qui vit avec l'EM sera plus portée à dépasser ses limites pour "répondre" à son milieu, mettant ainsi sa santé en danger. Car oui se forcer, se dépasser physiquement peut avoir des conséquences importantes voire même graves pour la personne vivant avec l'EM: elle puise dans quelque chose qu'elle n'a pas, et son corps réagira avec force à ce dépassement. Je sais, je l'ai déjà vécu à plusieurs reprises.

Pour ma part, je suis entourée de membres de ma famille qui comprennent ma réalité, et d'une poignée d'amis qui en font tout autant. J'ai de la chance en la matière, et je le reconnais.
 
Il subsiste en moi, une partie "d'avant" EM qui s'enthousiasme pour une idée, un projet d'activités ou autres: je bats des mains, j'aime alors discuter parler, suggérer etc. Cependant j'admets qu'avec le temps, l'évolution de mon état de santé et l'énergie disponible, mes réactions sont un peu moins spontanées et enthousiastes, ce qui est normal.  Ma vie est maintenant différente. Elle se passe beaucoup dans les calculs en tout genre :)   Calcul de l'énergie, de ce que je peux accomplir ou non, dans quelles conditions, etc. 

Comme le disait Héraclite, "rien n'est permanent sauf le changement".

Alors je nous souhaite de développer nos "muscles de l'adaptation": c'est salutaire en autant que l'on respecte notre rythme personnel :)


À bientôt,

Mwasi Kitoko


 

mardi 16 février 2016

Neige et repos quotidien

                En voulant trouver un titre pour ce billet, je me suis rendue compte combien la météo est un sujet ou une donnée quotidienne importante pour moi: elle détermine en grande partie ce que je ferai de ma journée, en conjugaison avec mon niveau d'énergie. Je m'intéresse de près à ces deux données, en vérifiant où j'en suis (énergie), et si j'ai droit à mon bol d'air quotidien. 

Après la vague de froid qui s'est terminée hier, j'avais suivi de près météo média et je savais qu'une bonne bordée de neige suivie de pluie verglaçante s'annonçait.

Le plaisir de prendre l'air....J'adore.

Évaluation énergétique du matin: oui, un peu d'énergie disponible pour marcher, faire quelques petits achats, pour un maximum d'une heure tout inclus (on dirait presque la description d'un forfait vacances!). 

En premier lieu, je planifiais marcher plus loin, mais une fois que j'ai vu l'état des trottoirs -peu ou pas déblayés-, j'ai dû réviser mes plans et rétrécir la zone de marche. C'est ce que j'ai fait. 

Dieu merci, mon évaluation s'est avérée juste: marcher dans la neige demande bien plus d'énergie que si les trottoirs sont bien nets. Partie vers 9:00, j'ai marché, suis entrée dans deux commerces pour prendre ce dont j'avais besoin, puis ce fut le retour vers la maison à 9:50.

Ouf! Les hanches faisaient mal mais j'ai continué à marcher plus lentement.







La neige qui tombait s'est peu à peu transformée en petites billes de verglas, puis une fois dans ma cour, en pluie verglaçante. 


Voici quelques images croquées pendant ma petite marche quotidienne...


Typique de Montréal: le vélo 4 saisons!



Ça vous dit de passer le balai? Tentant, non?

De retour dans ma cour, j'ai déposé mon sac puis je me suis payée un petit plaisir que vous connaissez déjà: j'ai repoussé la neige pour me faire un petit chemin. Dans mon édifice, je semble être la seule locataire qui utilise les escaliers de derrière. 

Je me suis lancé le défi de ne pas soulever la neige, mais juste de la pousser pour me ménager. Et ça semble fonctionner si j'en crois mes derniers essais en la matière. 

J'ai vraiment aimée ma sortie du jour  :)    

Ah la la, que ferais-je sans mon bol d'air quotidien? Quand je ne peux pas prendre l'air ne serait-ce qu'une journée, j'ai la sensation d'étouffer, de manquer d'oxygène. Je peux même me contenter de mon balcon, en autant que je prends de l'air. J'aime être dehors, et même si c'est un temps court, j'achète! 


Repos quotidien


J'entame la suite de mon programme habituel après ces quelques lignes, comme si je démarre quasiment une autre journée. J'ai pris une bonne douche, et je viens de terminer mon dîner. Au moment où j'écris, mon petit tapis chauffant est en action dans mon lit, car il prépare ma venue (pieds congelés). Je lirai quelques pages d'un livre puis je ferme tout. 

C'est ma période de repos sacrée. Que je réussisse à m'assoupir ou non, je serai dans mon lit pour un minimum d'une heure et plus, si possible. C'est ce que je dois faire impérativement, et m'y tenir que ça me plaise ou non. 

Quand je ne peux me reposer comme prévu, les problèmes se font sentir tout de suite: battements cardiaques accélérés, sensation de faiblesse et d'épuisement comme si je vais m'évanouir, hausse de la pression etc. Inutile de vous dire que je fais tout mon possible pour NE PAS sauter ma période de repos, car la facture est trop élevée. Et les conséquences ne s'arrêtent pas à la description des symptômes qu'un manque de repos provoque: les conséquences s'étirent sur des heures, des jours à cause du système nerveux qui n'arrive plus à "redescendre". Ça provoque carrément de l'insomnie :(

Bon, assez parlé pour aujourd'hui, je vais prendre soin de moi tout de suite...


Je vous souhaite une journée aussi belle que la mienne :)


Mwasi Kitoko