samedi 1 janvier 2022

Ma vie en 2022

 


Fais du bien à ton corps pour que ton âme ait envie d'y rester.-Proverbe indien. 


Pour la nouvelle année, voici les aspects de ma vie que j'aimerais améliorer.  

Améliorer la connexion à mon corps

Vivre avec l'encéphalomyélite myalgique demande des ajustements constants. Ces derniers temps, mon niveau d'énergie a passablement diminué. 

J'avais déjà identifié que je vis passablement dans ma tête. Je me coupe souvent de mon corps à cause des douleurs et de l'inconfort que j'y ressens. Se déconnecter de son corps est normal, c'est un réflexe. Sauf que cette déconnection a pour conséquence de perdre de vue mon seuil anaérobique et de me retrouver en crash. Et quand c'est un moment de plaisir, c'est pire encore. Ne serait-ce que ce seul fil conducteur, j'ai de quoi m'amuser pour l'année. J'ai envie de mettre la loupe de plus près sur cette connexion. Vivre sans crash ou du moins les diminuer, c'est mon objectif. Pour le faire, je surveille davantage ma fréquence cardiaque, entre autres. 

Dans ce même rayon, je souhaite aussi augmenter mon contact avec la nature. J'en ai grandement besoin pour nourrir une meilleure connexion à mon corps. Ce pourra être de jardiner davantage, mais en pensant à économiser l'énergie qui se fait plus rare. Ce défi appelle la créativité, mais j'ai confiance d'y arriver. 


Simplifier ce qui peut l'être

On peut l'appliquer à une multitudes de sujets, que ce soit sur le plan matériel (exit le stock encombrant) ou voir ce qui peut être réduit dans ma vie. En premier lieu, j'identifie ce qui est lourd ou désuet, et je cherche comment simplifier ou réduire, pour que ce soit plus léger et vivable

Par exemple, j'ai vu que mon bac de compostage devenait trop lourd à déplacer pour moi, je lui ai donc trouvé un autre emplacement mieux adapté à mon état. Ce ne sont pas nécessairement de gros changements, mais mine de rien, ça révolutionne mon petit univers. Quand on vit avec l'encéphalomyélite myalgique, vivre plus simplement allège notre vie. C'est ce dont j'ai besoin, dans tous les cas. Et le concept s'applique aussi assez bien avec d'autres sujets, pas que pour le matériel. Quels secteurs de notre vie ont besoin d'être simplifié? Et s'il y en a beaucoup, on se concentre sur un ou deux aspects seulement. Si on voit trop grand, on risque d'abandonner! Pour ma part, la réduction du matériel chez moi est une priorité. J'ai d'ailleurs déjà commencé à le faire. Je donne, vends, distribue alléluia.


 Pratiquer le changement...

Je suis une personne qui a ses habitudes. Et comme tout le monde, je n'aime pas trop les changements. Aussi, pour stimuler cet aspect, je me lance de petits défis. Ça peut être juste de changer l'heure où je fais telle activité pour choisir de faire autre chose, ou changer mon circuit de marche pour en imaginer un nouveau... Ce ne sont pas de grands changements, mais ça aide à en produire de plus grands, j'en suis certaine. Et ça garde mon esprit à l'affût de ce que je pourrais changer d'autre. Pourquoi pas? Comme le disait si bien Confucius, "celui qui déplace une montagne commence par déplacer de petites pierres."  De toute manière, commencer par de petites choses nous conduit à en essayer d'autres, parfois de plus grandes :) 


En ce début d'année morose quasiment planétaire avec le variant Omicron qui fait rage, j'aimerais nous souhaiter à tous de la santé, sous tous ses aspects. Que ce soit la santé mentale, émotive, financière et cela va de soi, la santé physique. Je nous souhaite, à nous les personnes affectées par l'encéphalomyélite myalgique, de garder courage malgré nos situations de santé souvent difficiles. Comme le dit si bien cette citation, "restez calme dans toutes les situations, car la paix est synonyme de puissance."  

Je nous souhaite aussi des résultats de recherche sur l'EM. Gardons espoir! 


Bonne année 2022

🌻


lundi 15 novembre 2021

Petits morceaux de vie


Premier morceau

Dernièrement, j'ai eu un appel d'un agent de Statistique Canada pour une entrevue téléphonique concernant une recherche sur je-ne-sais-plus quel sujet. 

En gros, voici à quoi ressemblait le dialogue: 

Agent: Quel a été l'impact de.....blablabla?. Votre degré de satisfaction est de o pour ceci, et 10 pour cela. 

Moi: Ok....Euh....pouvez-vous me répéter la question? C'est quoi déjà?

Agent: Ok, la question est.....blablabla?

Moi: ok, alors je dirais 10. 

Agent: Non, ça madame, c'était l'échelle d'évaluation de la question précédente. Pour cette question, l'échelle est plutôt de....blablabla. 

Moi: Ah bon....(confusion totale). Euh, on peut recommencer?

Bref, l'entrevue s'est déroulée ainsi, et j'ai dû faire répéter plusieurs fois les questions, je n'arrivais pas à les retenir. Ni à retenir les échelles d'évaluation d'ailleurs. Mon cerveau faisait la grève! 




Deuxième morceau

Dernièrement, j'avais le projet d'équiper mes chaises de cuisine avec ces balles insérées dans les pattes, pour préserver le plancher. De retour à la maison, j'installe les balles. Et ce n'est qu'à ce moment que je réalise que je n'ai acheté qu'UN SEUL PAQUET de 4 balles. En achetant un paquet, mon cerveau considérait que le projet était réglé! Et depuis, il n'y a qu'une seule chaise qui a ces fameuses balles...Haha. Ça m'a tellement amusée que j'ai décidé de laisser le tout exactement comme ça. mon niveau cognitif en reperd. Si ça me désolait en premier lieu, maintenant je préfère en rire. 







Troisième morceau

Dernièrement, j'ai raconté comment des douleurs atroces m'ont réveillé en pleine nuit (https://vivreavecem.blogspot.com/2021/08/capture-decran-estivale.html). Je sais maintenant que je vis avec la névralgie du trijumeau. 

La suite, c'est qu'en octobre, je me suis retrouvée en manque important de sodium et de potassium à cause d'un médicament pour traiter la névralgie. J'étais en état d'hyponatrémie sévère, une situation qui aurait pu avoir des conséquences importantes pour ma santé et ma vie. Heureusement, j'ai pu recevoir les soins à temps, mais on a tous été secoués par cet évènement. La famille et les amis ont été très présents à mes côtés, dieu merci. Et je les en remercient tous du fond du coeur. Ce n'est qu'une fois sortie de l'hôpital que j'ai réalisé l'ampleur de ce que je venais de vivre. 

Suite à mon hospitalisation, on a dû changer de médicament (oh que oui). J'ai pu  revoir rapidement mon neurologue. Et là, il y a une bonne nouvelle. Je fais maintenant l'essai du baclofen pour traiter la névralgie. Il y a de petits ajustements à faire, mais somme toute, ce médicament fait effet. Et il y a un bonus: ce médicament semble aussi avoir un effet positif sur le syndrome des jambes sans repos. Il agit visiblement sur les douleurs de ce syndrome. À tout le moins, il en ressort quelque chose de positif après tous ces tâtonnements avec les traitements et multiples rendez-vous médicaux. C'est payé un peu cher, mais quand même, c'est excellent.




Quatrième morceau

Ces temps-ci, je m'amuse à identifier certains "personnages" en moi, qui me dérange. J'ai parfois tendance à vouloir donner des conseils non désirés, et ça me dérange. Plutôt que de me fâcher (genre "ah zut, je l'ai encore fait"), je m'amuse plutôt à identifier la tendance par un personnage. Par exemple, je me dis plutôt  "ah tiens, voilà Georgette-la-conseillère"! C'est moins rude, plus rigolo aussi, et ça a le mérite d'enlever de la pression. On peut continuer avec "Irma l'impatiente (ou la pressée)" ou "Bertha la....?." . C'est plus intéressant de s'aider de cette façon de moins point de vue.  

Alors somme toute, ces petits morceaux de vie font ma vie. Quels sont les vôtres?

Je vous souhaite un bel automne :)


🌻



samedi 23 octobre 2021

Cannabis médicinal comme traitement: deux ans plus tard.





Voici un bref retour sur ces deux années de traitement. 
 
J'ai commencé à consommer du cannabis médical  prescrit par un médecin en septembre 2019.  Après avoir rencontré le médecin de la clinique Nature Médic, une prescription a été émise avec le nombre de grammes autorisé selon mon profil médical. Cette prescription est ensuite envoyée à deux compagnies autorisées par Santé Canada, où je commande le cannabis médicinal qui m'est livré par la poste

À noter qu'il y a une différence notable entre le cannabis médicinal vendu par ces dernières compagnies. Santé Canada impose des normes strictes et élevées quant à la production de ces produits. Ce ne sont que certaines parties de la plante de cannabis qui sont utilisées, contrairement au cannabis vendu sur le marché tel que celui de la Société québécoise du Cannabis, par exemple. Ce cannabis est composé de toutes les parties de la plante, ce qui diminuerait sensiblement la qualité et la concentration du produit. Difficile aussi de garantir le même rendement du produit dans ce cas.

Donc, j'ai commencé avec un dosage léger de CBD et de THC et graduellement, j'ai augmenté les doses de ces deux produits. 

Souvent, les gens autour de moi qui ne connaissent pas le cannabis médicinal comme traitement prescrit font des blagues et me demande si je sens un buzz quand j'en prends, avec un petit sourire en coin. Eh bien non, pas de buzz. 

Je ne sens pas de buzz qui m'enverrait au paradis (ou ailleurs qui sait) car, dans mon cas du moins, je ne prends pas de THC le jour. J'ai essayé, et ça ne me fait pas du tout: ma fréquence cardiaque s'élève et je ne me sens pas bien. C'est donc là une des premières choses importantes à faire: il faut bien observer les réactions de son corps, et s'ajuster en conséquence. Le cannabis médicinal ne fait à tout le monde, c'est aussi ce que j'ai appris. Bon à savoir. 

Au début du traitement, je prenais de l'huile CBD 3 fois par jour, soit le matin, le midi et le soir. Pour m'aider, je tenais (et tiens toujours), un journal quotidien du dosage utilisée, en notant les réactions de mon corps. Par exemple, comment sont mes courbatures et douleurs, à quels degrés? Est-il pertinent d'augmenter un peu le CBD? Si oui, quel est l'effet les heures ou jours suivants? Comment est mon humeur? Comment est mon sommeil? 

Ces notes journalières sont importantes: elles situent le traitement dans le temps et d'observer ce qui se passe exactement. Elles me servent aussi lors du renouvellement de la prescription avec le médecin, car on peut facilement faire un retour en arrière et discuter avec lui des effets. 

Actuellement, ma consommation est deux fois par jour. J'en prends le midi et le soir. Pour le soir, mon dosage de CBD est plus élevée, et j'y ajoute un peu de THC également. Cette combinaison est presque parfaite pour moi. Si je dois augmenter légèrement, je note les effets. La combinaison CBD\THC m'aide vraiment beaucoup: je la prends environ une heure avant mon dodo. Ça prend environ deux heures pour que ce combo atteigne son plein effet. J'arrive à dormir ma nuit sans réveil, ou presque. Le matin, je ne me sens pas tout croche ou pas trop courbaturée comme avant. Je suis un peu plus moi-même, je dirais. Pas à mon plein potentiel, mais quand même. 

Parfois, je me demandais si ça fonctionnait toujours bien pour moi après deux ans...J'ai eu récemment l'opportunité de le vérifier. J'ai dû être admise à l'urgence. On m'a donné mes médicaments habituels, mais pas mon cannabis médicinal. J'en ai donc été privée pendant 48 heures au total. 

Une fois rentrée à la maison, mes douleurs étaient intenses et "pointues", je cherchais pourquoi. J'ai fait le lien avec l'absence de cannabis médicinal....ouch!!! J'ai compris que le cannabis médicinal fait encore et toujours son boulot dans mon corps. Je n'ai pas constaté de symptômes de "manque' ou de dépendance du fait d'avoir sauté des doses. C'est un avantage certain par rapport à plusieurs médicaments, par exemple, qu'on ne peut cesser brutalement. Bien sûr, je dois encore prendre des médicaments pour d'autres problèmes de santé. L'idée est de trouver autre chose pour traiter la douleur quand on cherche une autre alternative. 




Pour moi, le cannabis médicinal est une solution thérapeutique importante et satisfaisante dans mon profil médical. Je vis avec l'encéphalomyélite mylagique, la fibromyalgie, le syndromes des jambes sans repos etc. Je me sens pas sans douleurs, mais elles sont "gérables". Je préfère nettement son utilisation à tous les médicaments que j'ai essayé pendant de nombreuses années. J'ai même déjà eu de la morphine. Et bien d'autres que j'ai dû laisser tomber. 

Je surveille si un jour, la Régie de l'assurance maladie du Québec autorisera l'utilisation du cannabis médical comme traitement. Ce n'est pas un rêve, car certaines compagnies d'assurance couvrent déjà ce traitement. À quand au Québec?

Peu à peu, on entend de plus parler d'études sur les effets bénéfiques du CBD sur le corps. J'en répertorie quelques unes dans l'onglet "dossier cannabis médicinal" de ce blogue. Plusieurs médecins s'y intéressent de plus près, tandis que d'autres ne veulent pas entendre parler. 

Une clinique privée de cannabis médicinal est probablement le meilleur endroit pour être bien compris et encadré pour la consommation de cannabis comme traitement. Prenez le temps de vous informer sur ce traitement avant de vous lancer si vous n'êtes pas certain. Pour ma part, je suis satisfaite après deux années de consommation. 

Pour ma part, tant que je pourrai me payer ce traitement, je continuerai d'en prendre. Il est très important pour la gestion de mes douleurs, le sommeil, et sa fonction anti-inflammatoire (surtout avec l'encéphalomyélite myalgique).  

Si jamais vous avez des questions, n'hésitez pas à communiquer avec moi à mwasikitoko07@gmail.com

🌻


P.S. Pour ceux qui n'ont pas eu la chance de lire mes deux autres billets sur le sujet, je vous renvoie à l'onglet "dossier cannabis médicinal" de ce blogue où vous les trouverez. 

samedi 18 septembre 2021

Ma vie comme une armoire

 


Je suis dans une période de "grand ménage". J'ai bien des choses à revoir de près pour alléger mon existence. 


Je commence à sortir à peu près tout ce qu'il y a dans cet armoire qu'est ma vie. Une sorte de démarche similaire à celle proposée par Marie Kondo, mais pour ma vie. La vie bien remplie que j'ai eu.

Il y a des tablettes de cette armoire qui sont plus difficiles que d'autres à examiner. Certains moments qui m'ont passablement déstabilisée, triturée, renversée. Dont entre autres,-pour ne nommer que celui-là-, le décès d'une de mes filles. À cause d'autres circonstances, je n'ai pas été en mesure de faire pleinement le deuil de cette enfant partie trop tôt. Puis il y a eu bien d'autres deuils, pertes en tout genre etc.

Alors pour mon bien, je ressors de l'armoire ce qui doit être ressorti, avec la présence bienveillante d'une psychothérapeute. Il y a du boulot: de la consolidation, revoir les matériaux de base, collet et clouer ce qui doit l'être, visser ce qui est faible etc. Et bien des questions sur ce que je veux garder ou pas, et surtout, pourquoi.



En 2013, j'avais dû mettre fin à une démarche en psychothérapie avant que l'assureur ne me coupe les vivres. Maintenant que les vivres ont été rétablis après cinq ans de lutte, je m'étais jurée que je continuerais cette démarche. 

Je suis décidée à faire le tour de ces tablettes. Ce n'est pas facile ni évident, que ce soit mentalement, émotivement et physiquement. Et si je vous parle de cette démarche dans laquelle je suis, c'est surtout pour mettre l'accent sur un aspect fort important à prendre en compte si vous êtes une personne affectée par l'encéphalomyélite myalgique.

C'est celle de tenir compte de notre corps. Motivée -un peu trop même-, je voulais rencontrer la psychothérapeute chaque semaine, question d'avancer rapidement dans le "vidage" de mon armoire. Ah que c'est beau tout ça! À peine quelques heures après le premier rendez-vous, j'ai expérimenté un malaise post effort assez....fort. Et je n'ai eu d'autre choix que d'annuler la séance prévue la semaine suivante. 

Les personnes affectées par l'encéphalomyélite myalgique connaissent bien cet état: fréquence cardiaque élevée ou au contraire très basse, douleurs accrues, insomnies alors qu'on est crevés, pleurs, maux de tête, nausées, appétit diminué, sensation lumineuse accrue etc. et ce, pour des jours voire des semaines dans certains cas (voir aussi: https://millionsmissing.fr/article8/malaise-post-effort.)

Bref, il vaut mieux y aller mollo, doucement, et respecter le rythme de mon corps.

Depuis des jours, ça me fait penser à la fable du lièvre et de la tortue de La Fontaine. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Vaut mieux prendre mon temps, prendre le temps avec toutes mes tablettes à examiner. Mon corps m'envoie des signaux assez évidents -merci mon body-. De toute façon, il n'y a pas urgence, vaut mieux y aller en toute douceur et avec une bonne dose de patience et surtout, de bienveillance. De toute manière, ce temps entre les rendez vous est bénéfique, car il permet aussi de mieux intégrer ou laisser le travail faire son oeuvre. Et surtout, de donner de l'espace à mon corps, qui, lui aussi, travaille dur et m'accompagne dans ma démarche. Dans les faits, pour le moment, les rendez vous sont prévus aux deux semaines. Mais comme je suis en période d'essais et erreurs, possible que je doive m'adapter et espacer encore davantage. C'est à suivre. 

Mon corps a besoin de respect de son rythme. Il est un de mes plus grand allié dans les faits.

Et quand j'aurais fait le tour de ces nombreuses tablettes, je compte "décaper" cette vieille armoire pour lui accorder une jolie transformation digne de la vie bien chargée et riche qu'elle aura connue... 

Ce sera ensuite ma vie, comme une armoire "rénovée" :) 


Je vous souhaite un bel automne,

🌻


Extrait sur le malaise post-effort tiré du:


PHYSIOPATHOLOGIE 

Épuisement neuro-immunitaire post effort

"Un état normal de fatigue est proportionnel à l'intensité et à la durée de l'activité, et est suivi d'une récupération rapide de l'énergie. L'épuisement neuro-immunitaire post-effort se caractérise par un seuil pathologiquement faible de fatigabilité physique et mentale, avec épuisement, douleur et aggravation anormale des symptômes en réaction à l'effort. La période de récupération est longue. Fatigue et douleurs sont des éléments de la réaction de protection globale de l'organisme et sont des bivalentes indispensables pour prévenir de modifier leurs activités pour éviter d'aggraver la situation"



vendredi 6 août 2021

Capture d'écran estivale





"Mon corps est un jardin, ma volonté est son jardinier" -Shakespeare


Cet été, j'ai réussi à jardiner. J'arrive encore à le faire. Cependant, il me faut admettre que l'énergie est moins au rendez-vous que l'été dernier. Je me dis souvent que je suis  folle de jardiner comme ça. 

Une chose est certaine, je devrai réévaluer la situation en 2022, à savoir si je continue ou pas.
 
Je jardine sous un arbre de mon quartier. N'ayant pas accès à un boyau d'arrosage, je me débrouille comme je peux. Je remplis mon arrosoir de multiples fois, et j'arrose à bout de bras.  Et comme plusieurs régions au Canada, Montréal est sec, très sec même. Alors je ne peux pas laisser mourir mes plants. 

Sous cet arbre, j'ai planté des poivrons, de la ciboulette, des tomates cerises, des fleurs variées pour favoriser la venue d'insectes, de la mélisse, des pois mange-tout etc. Le tout est entremêlé avec des vivaces partagés par ma fille.  Dans les faits, mon petit rectangle a des airs de jungle, car le tout s'entasse plus ou moins harmonieusement.

Pas grave.
C'est mon potager! 




Pendant que je m'occupe de ma verdure, que j'admire les nombreux bourdons qui s'activent autour des fleurs, je décroche complètement de l'univers, et de tout le reste. Le hic (et le défi) est de ne pas abuser de mon énergie, et d'aller vraiment à l'essentiel pour mon potager. 



Un de mes succès? Mes fleurs...

J'adore mon petit coin de paradis. Étonnamment, aucun vandalisme...
Je croise les doigts pour que ça continue comme ça.

 




Ma santé 

S'il est vrai que l'encéphalomyélite myalqique prend beaucoup de place en terme de symptômes et de gestion de mon énergie, il y a pourtant bien d'autres choses avec quoi s'occuper. 

En mai dernier, j'ai été réveillée en pleine nuit par une douleur insoutenable au côté gauche du visage. Sonnée, je me suis levée, essayant de comprendre ce qui était en train de se passer. C'était comme si on m'avait verser un acide brûlant. Terrible douleur, croyez-moi...

Après 9 heures à l'urgence, de multiples rendez-vous de va-et-vient entre mon médecin de famille et mon neurologue dont je vous passe les détails, il semblerait que je souffre de névralgie du trijumeau. Dieu merci, on m'a prescrit un médicament à cet effet. Mais les nombreux tâtonnements (mon doc de famille disait que je souffrais d'une infection des tissus mous....), m'ont mise dans un état d'épuisement mental et physique dont je peine à remonter trois mois plus tard. Je dois aussi subir un IRM prochainement, donc on n'en a donc pas tout à fait terminé avec ce dossier. 





Le lendemain de mes 60 ans (bonne fête ma vieille), un rendez vous auprès de ma dermatologue est passé de simple suivi à une petite surprise à laquelle je ne m'attendais pas. 

Une plaque rosée sur ma jambe -un truc qui est là depuis des années en fait-, s'est révélée être finalement un cancer. Imaginez ma surprise....Moi qui ait l'habitude de tout prévoir dans ma tête, de penser à toutes les éventualités ou presque, ce fut un choc. 

Ma réaction a été assez vive. Le mot "cancer" en fait délirer plus d'un, et je fais partie du lot. Depuis, je me suis calmée. Il semble que ces cancers de peau soit fréquents et se traitent fort bien. Les premiers jours, je regardais souvent cette plaque en me disant que je vivais avec un "ennemi" sous la peau sans le savoir. Comme s'il y avait eu une invasion d'un indésirable sournois et silencieux dans mon corps...

Cette petite plaque rosée avait l'air de rien du tout. Au départ d'ailleurs, mon médecin de famille avait prescrit des crèmes à la cortisone qui n'avait aucun effet. C'est là qu'il m'a envoyé en dermatologie.

En tant que femme affectée par l'enphalomyélite myalgique, j'ai constaté que ma marge de manoeuvre mentale et physique est très mince. Quand s'ajoute d'autres problèmes de santé, par exemple. Ou d'autres problèmes ou enjeux tout court.  
Faire face à ces ajouts, petits ou grands, me draine tout ce que je peux avoir d'énergie dans le corps. Et dans l'esprit. 

L'encéphalomyélite myalgique prend TOUTE la place dans ma vie. Le moindre ajout me jette par terre comme on dit. 

Me reposer est un défi: système nerveux étiré à l'excès, pleurs intenses et fréquents (ce qui n'aide certes pas), période d'insomnies etc. Avec l'impression qu'un vent fort a soufflé sur ma petite maison d'allumettes qui s'écroule. Ou qu'une simple vaguelette de rivière a fait chavirer ma barque. 

Je sais pourtant que plusieurs personnes affectées par l'EM vivent bien d'autres problèmes de santé plus invalidants, envahissants, et qui demandent des suivis médicaux imposants. 

Nous sommes fait forts, certains diront. 
Oui, nous le sommes certainement ou sinon probablement.

Pour ma part, j'ai pris davantage conscience -et ce n'est pas terminé-, que j'ai bien peu d'énergie pour faire face à ce qui m'arrive "d'autres" dans la vie. 
Juste le quotidien...est déjà un défi. 

Je surveille ma marge de manoeuvre de plus près. 
C'est cet espace mental-physique où je tente de conserver un certain équilibre,  chaque jour. 

Et entre autres, mon potager est un petit bonheur qui contribue à renflouer ma précieuse marge de manœuvre.
Et la lecture.... 
Et le repos, le repos, le repos, le repos, le repos...


🌻







mercredi 7 juillet 2021

Lettre à mon corps

 



Bien cher corps,

Voilà 60 ans aujourd'hui que nous vivons ensemble. 
Ça me fait tout drôle de dire ça, et encore plus de te l'écrire.

D'entrée de jeu, je veux te remercier pour ces soixante années.
Tu as toujours été fidèle au rendez-vous. 

J'ai pu vivre ma vie de petite fille, puis mes expériences adolescentes. 
Une fois devenue femme, j'ai eu la chance de vivre des grossesses et ainsi,  d'accueillir cinq belles filles devenues femmes et mères à leur tour. 
J'ai pu vivre la vie de famille à plein, et pas qu'un peu!

J'ai même eu le temps d'étudier, de développer une carrière.

Sans toi et un minimum de santé, tout cela n'aurait pas été possible. 

Il y a plus de dix ans maintenant, tu as montré des signes de problèmes de plus en plus évidents. 

Peu à peu, l'énergie a diminuée, lentement mais sûrement. 

L'encéphalomyélite myalgique, et bien d'autres maladies chroniques, ont fait leur apparition dans ma vie. 

Je n'avais pas compris que tu étais en détresse, je ne comprenais pas les signaux que tu m'envoyais...

Travailler est devenu impossible.
J'ai dû me battre pour nous, pour qu'on reconnaisse ton état de malade.
Tu es passé de l'autre côté, tu es invalide. 

Après tout ce temps, je "commence" à mieux saisir ce dont tu as besoin, à mieux m'occuper de toi. Même si parfois, ça ne m'enchante pas. Ou que mes actions ne sont pas au point.

Maintenant ça y est, je crois mieux comprendre ce qui t'arrive.
Ce qui nous arrive.




Par respect pour ta faible énergie, on ne peut plus fêter en grand.
Du moins, pas comme avant que tu ne sois malade.
Ce sera discret, simple. 
De petites touches de plaisir, pas plus.
Sous risque de te plonger dans un épuisement encore bien pire. 

Il y a 60 ans, tu faisais ton entrée en ce monde. 
Sache que je t'en suis reconnaissante. 

Même au milieu du chaos des malaises post-efforts et toute une kyrielle d'autres symptômes qui arrivent encore trop souvent, tu continues à oeuvrer. 

La preuve: quoique je fasse (ou ne fasse pas), tu continues à faire tout ce que tu dois faire. Mes reins font leur boulot, tout autant que mes poumons, sans compter mon coeur. 

Tous ces organes qui travaillent dans l'ombre. 

Je ne peux même pas écrire tout ce que tu fais, chaque jour, tellement tu travailles dur et fort.

Ok, il y a des trucs qui déraillent dans ton fonctionnement, c'est vrai.
Même si mon cerveau déraille.
Même si les douleurs attaquent sournoisement, tu es là, tu fais de ton mieux. 
Mes ongles et mes cheveux poussent, ma peau change, mon coeur bat.
Quoique je fasse d'ailleurs. 

N'est-ce pas merveilleux, tout de même?

Même avec des dysfonctionnements, toi mon corps, tu accomplis encore ta mission jour après jour. 

Merci à toi mon corps!

Je célèbre ta force, mais aussi ta vulnérabilité. 

Merci pour tout ce que tu fais si bien par endroits, et que tu continues quand même de faire, même lorsque si c'est difficile parfois. 

Ainsi, je peux encore vivre de petits doux moments (surveillance de l'énergie oblige) avec ma famille, mes amis. Et parfois même seule, puisqu'il en est ainsi maintenant.

Je peux encore jardiner à petite échelle, à petite énergie. 

Je peux encore écrire aujourd'hui, et vivre pleinement cette reconnaissance. 

Merci pour ces 60 ans! 

Merci pour tes bons et loyaux services. 
En espérant qu'on pourra continuer encore un bon bout de chemin ensemble...


Joyeux anniversaire à toi, mon corps. 

🌻



dimanche 6 juin 2021

Une amitié de quarante ans....qui résiste à l'encéphalomyélite myalgique.




« Un ami, c’est quelqu’un qui te connaît tel que tu es, qui comprend qui tu as été, qui accepte ce que tu es devenu, et encore, qui te permet de te développer.» William Shakespeare


J'aimerais vous parler d'une histoire d'amitié qui dure depuis bientôt 40 ans. C'est  mon amitié avec Gisèle.
 
Gisèle et moi sommes toutes les deux nées à l'été 1961, presque un mois jour pour jour. Je la taquine souvent en lui disant qu'elle est mon aînée. Nous avions toutes les deux 21 ans. Rien ou presque, pouvait nous destiner à être des amies. Je dis cela car nous avons toutes deux des personnalités bien différentes. Présentée l'une à l'autre par une amie commune, rien ne pouvait prédire que ce serait le début d'une longue amitié.

Et pourtant...

Gisèle a à peu près tout vu de ma vie. 
Elle a connu mes conjoints, vu naître toutes mes filles.
Elle m'a même accompagnée lors de mon dernier accouchement. 
De nature généreuse et accueillante, Gisèle  nous recevaient chez elle avec des repas gargantuesques dont on gardait longtemps le souvenir. Elle était et est toujours la "tante" de mes filles quoi qu'on en dise. 

Même mes petits enfants la connaissent bien. Elle fait partie de l'ADN de la famille. 
                                       
En 2011, le diagnostic d'encéphalomyélite myalgique est arrivée dans ma vie. Gisèle aurait pu s'éloigner ou même prendre ses jambes à son cou et fuir notre relation. Pourtant, il n'en est rien. Elle est restée. Depuis que je suis malade, elle est encore présente dans ma vie. 

Elle a choisi de rester.

Je le dis, car lorsque qu'on vit avec l'encéphalomyélite myalgique, nous perdons parfois, sinon souvent des amis et des relations en cours de route. 

Gisèle est une femme très observatrice. Quand nous sommes ensembles, elle sait avant moi-même que je suis crevée. Elle lit mon non verbal comme personne, et elle sait ce que parfois je ne sais même pas encore, dans mon corps. Qui dit mieux?

Elle connaît fort bien l'encéphalomyélite myalgique et la fibromyalgie.
À un point tel qu'on ne pourrait même pas soupçonner.




Gisèle travaille dans un organisme qui accueille des centaines d'immigrants par année. Dans la salle d'attente, elle voit une femme d'origine latino américaine qui pleure.  Elle s'approche et demande à la dame de la suivre dans son bureau. Une fois assise, Gisèle demande à cette femme pourquoi elle pleure. 

Gisèle la regarde de plus près et elle aperçoit ses yeux brillants de larmes. Mais elle y voit aussi autre chose: la maladie. Elle vient de reconnaître dans ce regard, et dans son visage, ce qu'elle voit aussi dans le mien depuis plus un peu plus de dix ans. Elle y a vu les douleurs, le manque de sommeil etc.

La dame explique alors qu'elle est malade, et que sa famille ne la croit tout simplement pas.  Et Gisèle de lui demander si, par hasard, elle n'aurait pas la fibromyalgie et/ ou l'encéphalomyélite myalgique. 

La dame a tout de suite relevé la tête en disant: "mais, comment vous savez ça?".
Gisèle avait vu juste. Effectivement, la dame souffrait de ces deux maladies invalidantes. Mon amie a tenté de la réconforter comme elle le pouvait.

Cette histoire m'a émue pour plusieurs raisons. La première est que cette dame était probablement en détresse du fait que les membres de sa famille ne la croyait pas malade. Comment ne pas être mal à l'aise si et quand nos proches ne nous croient pas malades alors qu'on est là sous leurs yeux, à souffrir? C'est difficile à vivre...Pourtant, je sais que cette dame n'est pas la seule à se buter à ce genre d'obstacles. Qui ne fait pas face à ce genre de difficultés, même parfois avec son propre médecin?

Le fait qu'elle ait rencontré Gisèle -qui avait perçu ses souffrances- a dû lui procurer, du moins je l'espère, ne serait-ce qu'un peu de réconfort et de soulagement. 

La deuxième raison, c'est que mon amie Gisèle ait été en mesure de reconnaître les signes visibles de ces maladies...et d'en parler ouvertement avec elle, même si elle n'est pas malade elle-même. 

Il est vrai qu'elle n'est pas médecin, mais il reste que son grand sens de l'observation avec mon propre cas, lui a permis de soutenir cette dame. Sa délicatesse et son grand sens du respect de l'autre ont fait le boulot.

À mon sens, ce n'est pas rien...Comment ne pas se rendre compte de la grande chance d'avoir une amie comme Gisèle, qui même à son travail, a été en mesure de percevoir la tristesse et le désespoir de cette dame incomprise? 

Je mesure ma chance aujourd'hui d'avoir une amie comme Gisèle à mes côtés. Depuis tout ce temps.

Et ce que j'aime particulièrement dans notre relation amicale, c'est que nous sommes libres.

Nous nous appuyons l'une sur l'autre si et quand besoin est. Parfois, c'est Gisèle qui a besoin de parler, de se confier. Je peux l'écouter sans juger. Et si même je n'ai plus l'énergie de nos vingt ans avec la maladie, elle est toujours mon amie.  

On se parle de tout et de rien.
On se parle de sujets plus importants.
Tout y passe....
On refait le monde chaque matin avec nos cafés respectifs.
On se rappelle notre jeunesse, notre ancienne fougue, nos sorties folles.
On se rappelle aussi quand j'allais mieux, et que ma vie était différente.
Je sautais alors dans un autobus pour lui rendre visite, tout simplement. 
Maintenant, je vis un autre vie.
Une vie plus lente, plus calme. 
Elle le comprend.
Elle l'accepte aussi, parfois mieux que moi-même.
Elle m'aide, me soutient, me conseille même souvent.

Je l'ai dit déjà, elle a tout vu de ma vie.
Même maintenant alors que l'encéphalomyélite myalgique gagne du terrain, lentement. 

Elle est encore et toujours là, Gisèle.

Je ressens une immense gratitude d'avoir encore cette amie dans ma vie.

Sachant que faire face à l'encéphalomyélite myalgique est déjà tout un défi pour nous les malades, je me sens privilégiée d'avoir la chance de vivre cette grande amitié. 

Merci à toi mon amie de faire partie de ma vie depuis 40 années 💜 

🌻


P.S. Un billet de 2016 où je parle de mon amie Gisèle: https://vivreavecem.blogspot.com/2016/03/une-histoire-vraie.html