À 5:23 ce matin, mes yeux se sont brusquement ouverts: une douleur lancinante à l'épaule gauche était là, bien présente. Forte. Comme si quelqu'un venait tout juste de me frapper d'un grand coup de poing. Ouch.....J'ai mis ma main droite sur mon épaule, un réflexe que nous avons probablement tous quand une partie de notre corps fait mal.
Cette drôle de douleur s'est peu à peu calmée, mais je n'ai pas pu me rendormir malgré l'envie de replonger dans le sommeil. Pas facile de se faire réveiller et de vivre avec la douleur. J'ai souvent l'impression que son emprise ne me lâche presque jamais, comme si la douleur est en quelque sorte en arrière scène continuel dans la trame de ma vie.
Et ça, ce n'est pas nécessairement facile ni à vivre, ni à accepter.
Mais ce n'est pas le sujet du jour.
J'aimerais vous parler de ce qui me fait du bien au quotidien.
De manière générale, je me suis rendue compte que je gagne à ralentir physiquement: j'ai réalisé que j'en fais encore "trop". Pas mal trop.
Pourquoi? Je pense qu'il y a plusieurs raisons à cela:
-j'étais/je suis de nature enjouée et enthousiaste, en général. Réalistement, je ne crois pas que l'on change vraiment le fond notre nature, même quand on est malade: mon élan naturel est encore présent. Sauf qu'il me faut coordonner ma nature avec le corps que j'ai. Les deux doivent se parler impérativement :)
-J'ai pris conscience que je vis dans la peur. Oui, j'ai peur! J'ai peur de perdre mes capacités, j'ai peur de ne plus être en mesure de bouger comme je bouge, de marcher comme je marche, de faire ce que je peux faire actuellement. Et cette peur de devenir de plus en plus faible, voire même d'être clouée au lit me taraude, m'obnubile. La peur est une mauvaise conseillère dans ce cas-ci. Car si c'est la peur qui me motive, le risque est élevée de dépasser mes limites physiques. Ce que je fais, bien entendu.
-Une deuxième peur m'a montrée son visage: j'ai peur de dépendre de mon entourage pour faire un paquet de choses telles que les courses, le ménage, les rdv et que sais-je. Pourtant dans les faits, j'ai besoin d'aide, et jusqu'à un certain point, je dépends de mon entourage pour plusieurs choses. Je me demande aussi jusque dans quelle mesure le fait d'avoir vécue de nombreuses années comme chef de famille ne joue pas aussi dans cet élément: je me suis toujours débrouillée toute seule. Et l'habitude n'est pas facile à changer. J'ai besoin de l'aide de mon entourage, mais pour être honnête, je n'y ai pas suffisamment recours. À cause de cette peur. Y a du boulot, ici.
Dans mon journal que j'ai relu, j'ai constaté que ralentir physiquement a un impact sur mon moral (nettement meilleur), ce qui m'amène à un autre élément important: je gagne à ralentir moralement/mentalement.
Les personnes qui vivent avec l'encéphalomyélite myalgique, la fibromyalgie etc., vivent souvent de l'angoisse, du stress etc, je crois que nous avons une fragilité particulière dans ce domaine. J'ai réalisé que cet état d'angoisse flottant n'est pas très loin, comme en arrière-plan de mes pensées quotidiennes. De temps à autre, je médite. Et ces derniers temps, je m'y suis remise de façon un peu plus sérieuse. Il y a tant d'écrits, de textes, de recherches, de livres et de sites web qui traitent de la méditation! J'ai beaucoup lu sur le sujet, et à un certain moment, je me suis dit qu'il était temps de mettre en pratique tout cela.
Je me suis rendue compte que la méditation, c'est une affaire bien personnelle quant au style, le comment faire et surtout, le comment être. Pour moi, méditer ne relève pas du livre de recettes dont on suit fidèlement les étapes. La façon dont je vois la méditation, c'est plutôt du genre, médite comme tu le sens. Pour ma part, la méditation est un outil qui me permet de me centrer sur la partie divine en moi, mais qui ne relève pas d'une religion quelconque mais plutôt du monde spirituel.
Dans mon corps malade se trouve aussi un esprit. Un esprit qui lui aussi, a besoin d'attention, d'être nourri, protégé, chouchouté, "entretenu". On accorde tant de place à notre corps: pourquoi ne pas accorder aussi de la place à notre esprit?
Méditer, c'est me poser dans ce lieu sacré qui est en moi. C'est un lieu, un espace où il y a du calme, un paysage magnifique que moi seule peut voir et vivre. Je visite cet espace, je m'y refais. Il y a la paix, le contentement, la satisfaction de respirer lentement, calmement. Et quand les douleurs corporelles se faisaient sentir, j'avais tendance à décrocher de cet état de calme que me procurait la méditation.
Récemment, j'ai compris qu'il me fallait non pas cesser de méditer à cause des douleurs, mais plutôt de chercher à les inclure à la méditation: s'il faut bouger un peu, me lever pour me dégourdir les jambes ou les bras, alors je le fais. Je garde ma concentration sur la méditation, et sur l'état de calme intérieur. Je parle à ces douleurs en leur disant: "oui, je sais que vous êtes là. Continuons ensemble la présence ou visite de cet espace paisible". En reconnaissant leur existence, je les incluent ainsi dans la méditation, et je décroche moins. Je crois qu'il nous fait inventer des façons de faire pour ce qui est de la méditation -ou de ce qui nous fait du bien-, lorsque nous sommes malades, si on le peut.
Ces séances de méditation ou de calme intérieur ont des effets positifs à deux niveaux: je me sens plus reposée et posée moralement/mentalement. Le rythme des pensées diminuent, l'angoisse diminue également. Et ce n'est pas tout, car je sens aussi des effets bénéfiques sur mon corps: mon rythme cardiaque diminue, mes organes internes et tout mon corps ont eu du temps de qualité pour ralentir le rythme. Ra-len-tir
J'ai révisé aussi mes idées à propos de la méditation, et j'ai vu que j'en faisais une affaire de performance, je me mettais la barre trop haut. Finalement, je médite à mon propre rythme, quand je le veux et comme je le peux, en y apportant tout ce que je suis. Et s'il faut danser ou bouger, eh bien je danse :)
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Pieds de céleri qui repoussent :) |
Les contacts avec le vivant, et la nature sont essentiels à ma vie. Que ce soit de prendre ma marche quotidienne -même si c'est en pleine ville-, d'enfoncer mes mains dans la terre, d'écouter les chants des oiseaux sur mon balcon, tout cela contribue à me faire du bien.
J'adore faire des expériences maison, et je suis fière de vous partager celle-ci: j'ai découpé les bases de 3 pieds de céleri que j'ai déposé dans un contenant en vitre avec un peu d'eau. En moins d'une semaine, les 3 ont repoussés facilement, que j'ai plantés en terre. Et les pousses sont magnifiques! Très drues, elles s'élèvent du sol presqu'à vue d'oeil. On dirait quasiment des arbres :)
Je suis un peu comme un enfant qui revient de l'école avec son petit plant qu'il a fait pousser. Bien que ça demande un peu de force et d'énergie, j'adore faire pousser ce genre de trucs pour voir les résultats, et bien sûr, m'en régaler par la suite. Au Québec, notre porte-feuille pour la saison froide a bien souffert des prix élevés du céleri :) Ça a titillé mon imagination, je crois.
Si je résume, ce qui me fait du bien au quotidien sont:
ralentir physiquement, ralentir moralement/mentalement, et le contact avec le vivant/la nature.
J'aurai certainement d'autres éléments à ajouter à ce qui me fait du bien.
Et vous, y a-t-il quelque chose qui vous réussit particulièrement, qui vous fait vraiment du bien?
Mwasi Kitoko