L'idée trottait dans ma tête depuis au moins deux années. Je peaufinais les détails de ce que je ferais, quand, comment et toutes les étapes à suivre.
Mon sac était prêt, n'attendant que ma décision.
Avant le diagnostic d'encéphalomyélite myalgique, j'allais régulièrement nager mes 30 longueurs de piscine hebdomadaire.
J'adorais nager et j'étais satisfaite de ma performance.
En bonus, je sautais sur mon vélo pour revenir à la maison.
J'ai peu à peu cessé d'aller nager, une fois que j'ai compris ce qu'était le malaise post effort que je ressentais de plus en plus fort.
Mais l'idée de retourner dans l'eau ne m'a jamais quitté, à vrai dire.
Je me disais que c'était possible....si je faisais vraiment attention.
L'expérience
Il y a de cela quelques temps, je suis allée dans une piscine près de chez moi. Comme nous sommes en pandémie, j'ai porté un masque pour entrer, et nous devons le conserver jusqu'au moment d'entrer dans l'eau.
Assise sur le bord de la piscine, j'ai regardé l'heure: 10:39.
Et je me suis imposée de sortir de là dans 10 minutes exactement.
C'est le temps que je m'étais fixé pour ne pas que mon corps ne soit trop sollicité.
Je suis entrée dans l'eau.....oh le bonheur....!
La mémoire de mon corps a réagit rapidement: mes bras voulaient s'étirer pour nager, pour tenter un mouvement de brasse...
Mais je n'ai pas nagé. Non.
J'ai flotté lentement, en toute douceur.
J'ai souri aux lumières du plafond, trop heureuse de ce moment béni des dieux.
Je n'avais pas à supporter le poids de mon corps...
Sensation merveilleuse que je tentais d'emmagasiner.
Je voulais retenir le souvenir de ce moment de plaisir dans mon corps épuisé.
Le seul luxe que je me suis payé, c'est de marcher d'un bord à l'autre de la piscine, en maintenant mon corps dans l'eau pour ne pas avoir froid.
Un seul petit aller-retour en fait, et très lent.
10:49 allez, on sort de là, que ça me plaise ou non.
Je saisis la rampe pour m'extirper de l'eau, oups....
Je n'avais pas prévu que ce serait aussi difficile pour moi d'en sortir, mais j'y suis arrivé.
Mes bras sont sans force.
Une fois sortie, je prends mes affaires et je m'habille lentement.
Comme nous n'avons pas accès aux douches, je me remballe et je refais le chemin du retour, soit une dizaine de minutes de marche.
Une fois sortie dehors, je sentais comment les muscles de mon corps étaient tièdes et détendus, une sensation vraiment rarissime éprouvé chez moi.
Je savourais ces sensations merveilleuses. Nous étions le matin.
C'est une fois au lit le soir, que le malaise post effort a commencé à se faire sentir. Mon corps s'est mis à brûler un peu partout, la fréquence cardiaque s'est élevée, et je sentais qu'à mes nerfs survoltés -je vous le donne dans le mille-, l'endormissement serait plus lent et difficile que d'habitude.
J'ai dû m'endormir vers minuit si ma mémoire est bonne, moi qui m'endort généralement vers 19:00.
Comment ces sensations de bien être vécues dans cette expérience-piscine ont-elles pu se transformer en malaise post-effort?
Ce n'est rien de le dire, mais l'effort a été fort probablement trop intense pour mon corps même si j'ai fait très attention à ne pas nager, et que j'ai même limité le temps.
Il me faut revoir l'expérience en entier.
Réévaluer.
Découper chaque action pour y insérer davantage de pacing.
Outre le temps limité dans la piscine, il semble que je n'ai pas prévu assez de temps de repos entre les actions, fort probablement.
Aussi, il y a les facteurs aggravants dont je n'ai pas tenu compte tels que les bruits ambiants, les odeurs de chlore, le manque d'accès aux douches, le temps de marche pour me rendre, etc.
La piscine peut accueillir un maximum de 20 baigneurs, et ce jour-là, il y avait quelques enfants joyeux, mais bruyants pour moi.
Peut être que cet élément a contribué, c'est à voir également.
Comme vous pouvez l'imaginer, les effets du crash ont continué les jours suivants.
Je m'attendais à ce que mon corps réagisse, mais pas avec autant d'amplitude.
Est-ce que je vais réitérer l'expérience-piscine?
Oui, je vais le faire.
Mais pas dans l'immédiat.
Mon sac est toujours prêt, il n'attend que moi.
La prochaine fois cependant, je vais peut être esquiver la marche aller-retour vers la piscine, question de me donner une chance.
Et prévoir plus de pacing, c'est clair.
Je veux flotter encore...
Et sourire encore aux lumières du plafond de cette piscine :)
🌻