vendredi 14 février 2020

"J'ai trouvé ce qui me fait du bien". Un témoignage de Céline Nightingale




J’ai terminé cette semaine deux livres et un film. « Brida » de Paulo Coelho, « Salina » de Laurent Goudé, « Djam » de Tony Gatlif. Qui traitent des émotions, de la place dans le monde, de magie ou de poésie. Trois hymnes à la vie, trois héroïnes sans masques, libres et lumineuses.

Ces histoires ont trouvé un écho en moi. Je suis ouverte aux hasards de la vie qui me les ont fait découvrir ensemble. J’ai la chance de pouvoir lire et écouter des histoires, d’avoir du temps pour moi… car je suis atteinte d’encéphalomyélite myalgique (EM). Comme toutes les personnes atteintes d’EM, dites PAEM, j’ai appris au fil des années à vivre avec une maladie qui a considérablement réduit ma réserve énergétique. Voir une exposition, visiter un quartier, manger dans un restaurant et voir un spectacle le soir, je pouvais le faire avant… c’est toujours envisageable à 75 ans, pas avec un EM.

Ce n’est pas une dépression, ni de la feignantise, c’est une maladie neurologique. Car j’ai bien toujours l’envie, je n’ai plus les forces pour le faire.

J’ai la chance d’aller mieux et d’avoir appris à voir la vie sous ses bons aspects. Mais lorsque l’état grippal, la nausée, les courbatures, l’extrême épuisement et maux diverses reviennent, c’est nettement plus difficile. Quand j’en fais trop, mon système immunitaire s’emballe, je l’appelle mon général en chef. 



J’ai perdu mon travail, de l’argent, j’ai souvent pleuré face à l’incompréhension. Je ne peux plus suivre le rythme des autres et j’ai mis longtemps à le comprendre. Accepter de vivre avec un handicap est un long cheminement.

Car, vu de l’extérieur, j’ai l’air d’aller bien. J’ai même pu avec plaisir retravailler un an à mi-temps lorsque je me suis sentie mieux une première fois. Sauf que vous n’avez pas idée des conséquences qu’une maladie chronique provoquent. Retravailler m’a épuisée, j’ai dû lutter tous les jours pour le faire contre l’avis de mon général en chef, bref je n’ai pas suffisamment respecté mon corps. Et les fameux malaises post-effort ou « crashs » sont revenus. Une PAEM ne peut plus faire comme si tout allait bien. Mon contrat s’est terminé et je ne l’ai pas renouvelé.




Je consacre désormais mon énergie disponible à prendre soin de moi. Vivre à mon rythme, pratiquer des activités de bien être en groupe ou en solo (Feldenkrais, Do In, peinture, méditation…), marcher trois fois par semaine dans la nature. Je commence mes journées avec ma petite gym du matin. Sans muscles, je ne pourrais pas tenir assise ou tenir ma tête. C’est ce qui m’est arrivé après avoir été terrassée durant plus d’un an par les symptômes.

Mon objectif aujourd’hui est de me rétablir à 100 %. Pour une PAEM, on ne parle pas de guérison mais de rémission. Cela me parle, je ne souhaite plus retourner à la vie que je pouvais mener avant, je maltraitais en permanence mon corps en en faisant bien trop. Non j’améliore mon état de santé. J’ai compris aujourd’hui qu’il fallait que je ralentisse, autant mes gestes que mes pensées. Détends-toi mon général, je gère !

Je n’ai pas trouvé de recette miracle, je ne suis pas encore rétablie ; j’ai trouvé ce qui me faisait du bien, accompagnée par une thérapeute qui connait cette pathologie. Ces personnes sont rares mais elles existent ! Je suis un peu comme Alice au pays des merveilles, je peux grandir et rapetisser d’un coup, je vis cela tous les jours, même en allant mieux. 

J’ai accepté de vivre ainsi pour progressivement reconstituer mes réserves d’énergie, je lâche prise. Je ne culpabilise plus de moins en faire. Le plus dur pour moi a été d’arrêter de me mettre la pression et d’accepter de ne pas savoir, de ne pas être en contrôle. Être humble… Je ne sais pas combien de temps va me prendre cette pause, j’ai choisi de me donner le temps nécessaire. Je vis désormais avec des ressorts différents : plus zen, plus ancrée dans la nature, avec une conscience ouverte et contemplative. L’amour a une grande place désormais dans ma vie.

Amoureuse de la littérature, je m’identifie à tous les héros qui se dépassent dans les épreuves. Progressivement, j’ai accepté l’idée d’oser vivre mes rêves. Je rêve depuis longtemps de voyager, de voyage itinérant où le voyage devient destination. En étant malade, j’ai déjà commencé un cheminement, intérieur bien entendu... 

Pourquoi attendre que je sois guérie pour concrétiser mon rêve de voyage ? Parce que ce n’est pas sérieux ? Qu’on n’a pas les moyens de partir ? Parce que je ne peux suffisamment marcher pour entreprendre un voyage ? Que mon état de santé est inégal ? Que je manque d’énergie ?

Je crois au contraire, qu’entreprendre un voyage me débarrassera du stress inhérent à une maladie chronique et me ressourcera. Que j’aurais plus d’énergie après qu’avant. Un voyage pour rajeunir. Un voyage qui me permettra de marcher tous les jours, pas très longtemps, le temps de trouver un beau point de vue à contempler ou à méditer… Me baigner, pas très longtemps, pour faire le plein de soleil et contempler la mer.





Nous avons avec mon chéri concrétisé notre rêve, nous avons trouvé notre combi, notre maison roulante. Pour enfin oser aller à la découverte et moi regagner une mobilité perdue. 

Je m’appelle Céline, je suis française et mère de deux enfants de 13 et 14 ans. Je n’ai pas envie d’avoir 80 ans à 42 ans, c’est trop tôt ! J’ai encore de belles années devant moi et j’ai envie de les vivre et non plus de les subir.


Céline Nightingale




N.B.  Pour retrouver les écrits de Céline, visitez Amazon: 



samedi 1 février 2020

Où j'en suis avec le cannabis médicinal, partie 3





Voilà quelques mois,  j'ai écrit sur le cannabis médicinal. Voici la mise à jour sur mon expérience.

*Pour ceux qui aimeraient lire les autres billets sur le sujet, vous les retrouverez en bas de page.


Petit récapitulatif de mon histoire: 

  • J'ai commencé à consommer de l'huile CBD il y a un an, plutôt en essai avec une huile achetée auprès d'un fournisseur non officiel.
  • Les quelques effets positifs ressentis m'ont amené à m'y intéresser de plus près, et à l'automne, je me suis inscrite auprès de la clinique privée de cannabis médicinal Nature Médic. Cette clinique agit en quelques sorte comme une courroie de transmission et plus encore, en offrant un service-conseil sur la consommation de l'huile CBD par le biais de son équipe médicale composée d'infirmiers et de médecins. C'est ce dont j'avais besoin: un encadrement médical.
  • Une fois la rencontre effectuée avec le médecin, ce dernier prescrit la quantité de cannabis médicinal recommandé selon l'état de santé du patient. La prescription est envoyée aux fournisseurs autorisés par Santé Canada, et c'est auprès de ces derniers que l'huile CBD peut être commandée sur internet et livrée au domicile. 
  • Je consomme du cannabis médicinal sous forme d'huile CBD à consommer par la bouche, ou sous forme de gélules régulièrement depuis septembre 2019.

Utiliser du cannabis médicinal pour se soigner est fort différent que de consommer un médicament prescrit. Ce que je veux dire par là, c'est qu'il faut faire un effort d'observation des réactions de notre corps quand on se soigne avec ces produits, et prendre des notes aide à faire un suivi sur les réactions et ce qu'on ressent. Si cela parait fastidieux au début de noter, on en vient assez vite à saisir comment l'huile CBD travaille dans le corps: en notant bien le dosage et observations, on peut faire les liens qui s'imposent à savoir, les effets positifs ou négatifs, au jour le jour avec la consommation du cannabis médicinal. 

Ainsi, au fil des semaines et des mois, j'en suis venue à mieux saisir son action sur mon corps. L'huile CBD n'est pas un miracle en soi: ce n'est pas du jour au lendemain qu'on peut voir une différence, quoique dans certains cas, il semble que cela peut arriver. Mon expérience avec l'huile CBD est qu'elle agit plutôt en douceur, et c'est en persévérant avec sa consommation que j'ai pu voir une véritable différence sur ma santé. La persévérance et la patience sont les clés pour se traiter avec l'huile CBD.


Les effets constatés

1. Les douleurs


J'utilise ces images pour expliquer comment je vis les douleurs dans mon corps. Pour rappel, la fibromyalgie, l'encéphalomyélite myalgique, le syndrome des jambes sans repos et le syndrome de Marfan avec lesquelles je vis comportent toutes des douleurs musculo-squelettiques.

À gauche, l'image illustre les douleurs qui sont intenses, lancinantes et "pointues": je ne sais le dire autrement, mais c'est comme ça que je sentais les douleurs avant de consommer de l'huile CBD. 

Cela m'a pris quelques semaines avant de le réaliser. Je le disais: ce n'est pas magique ni miraculeux, mais en toute douceur, l'huile CBD "travaille" sur les douleurs de mon corps. 


Les douleurs ont diminuées: elles ne sont pas complètement disparues, mais l'intensité est vraiment moindre. Encore ici, une image à droite pour illustrer ces douleurs: elles sont davantage modulées, plutôt comme des vagues qui passent dans mon corps. 

J'ai fait l'expérience de ne pas prendre une dose d'huile CBD: les douleurs "pointues" sont revenues en fin de journée, moment où il est plus difficile aussi de s'endormir efficacement, car le corps cumule beaucoup de fatigue.

Quand je me réveille le matin, je sens vraiment une différence dans mon corps: les douleurs sont moins fortes, et ô miracle pour moi, j'arrive même à m'étirer, ce que je n'arrivais plus à faire depuis des années à cause des fortes douleurs musculaires et les crampes. Je sens un certain niveau de détente dans mes muscles, ça me soulage et ça m'encourage aussi moralement. 



Autres observations variées: mon arythmie cardiaque est aussi plus modulée, moins intense qu'auparavant.

Aussi, j'ai remarqué que l'huile CBD agit sur les inflammations dans mon corps: mes articulations pulsent un peu moins, et certaines ont même désenflées suite à la consommation régulière d'huile CBD. J'ai aussi remarqué que l'inflammation causée par la bursite dans les deux hanches a également diminuée. 




2. Le sommeil


Mon sommeil demeure fragile, mais il y a eu de l'amélioration. Premièrement, j'ai constaté que le temps d'endormissement a diminué. Sans huile CBD, il me faut compter au moins deux heures avant de m'endormir, je ne vous raconte pas comment cela est frustrant! Avec l'huile CBD, en temps normal je suis endormie à l'intérieur d'une heure. Ça, c'est le premier avantage. Le deuxième, c'est que l'huile CBD me plonge dans un sommeil sans réveil nocturne et/ou insomnie sauf exception: si j'ai dépassé mes limites le jour et que je me retrouve en malaise post-effort, l'huile CBD ne peut pas lutter contre ces malaises. Donc, en situation de crash, le traitement à l'huile CBD ne me sert pas comme tel dans le sens que les effets de bien être habituel s'estompent pour ne revenir qu'au moment où le crash est terminé. N'empêche, j'en prends quand même. 

Je surveille ma fréquence cardiaque avec une montre de sport depuis maintenant 3 ans. Dans ses fonctions, il y a l'évaluation du sommeil sur plusieurs critères, dont la qualité du sommeil de 1 à 5, 5 étant un niveau excellent. Ce n'est pas obligatoire bien entendu, mais cet outil me sert également à corréler les données de sommeil avec la consommation d'huile CBD. 

Il y a peu de temps, j'ai atteint 3.3, du jamais vu...Avant le CBD, je montais à peine à 2 à chaque nuit. C'est donc un gain intéressant, d'autant plus que la montre détecte aussi les interruptions pendant la nuit (mouvements, myologies etc.). Dans ce cas-ci, l'évaluation démontrait un sommeil assez continu, fait très rare dans mon cas. 



3. Gestion de l'anxiété et des émotions

Ce n'est pas encore parfait, mais j'ai remarqué que je gère un peu mieux les niveaux d'anxiété. Il m'arrive même de sourire et de rigoler, moi qui ne sourit pas tant que ça dans la vraie vie. J'ai remarqué que je pleure un peu moins, je me sens un peu plus en contrôle de mes émotions. Mais pas toujours :)   La gestion de la partie émotive chez moi est sensible, et j'ai bien peu de réserve. Je dois me préserver et faire attention aux émotions intenses. 

Parlant d'énergie....l'huile CBD ne donne pas de l'énergie comme tel. Elle agit sur les douleurs, sur l'humeur, le sommeil. Si vous êtes épuisé, l'huile CBD n'enlève pas l'épuisement...Elle agit ailleurs sur mon corps, et elle me procure des bienfaits physiques et émotifs qui stabilise mon état de santé. Je ne suis pas guérie pour autant, mais ça fait une différence notable dans ma vie. En diminuant les douleurs et en agissant sur le sommeil, c'est comme si je récupère un bout de vie. Ça m'aide à vivre au quotidien.

Le hic....

Il ne faut pas se voiler la face, il y a un hic et il est financier. Pour le moment, le cannabis médicinal coûte cher, quelle que soit sa forme. Le cannabis médicinal acheté auprès des fournisseurs autorisés par Santé Canada est onéreux, et cela n'a rien à voir avec les cliniques privées qui elles, ne font que référer les patients vers ces fournisseurs. Il est vrai que les cliniques privées exigent des frais d'inscription, mais ces frais peuvent être compilés dans ma production du rapport d'impôt annuel. Le cannabis médicinal est efficace dans mon cas, et j'assume les coûts qui y sont reliés. Il reste que c'est à chacun de voir comment faire avec son propre contexte financier.

Par contre, il faut aussi savoir qu'il y a des organismes et avocats qui font pression auprès du gouvernement québécois pour que ce traitement soit payé par le régime d'assurance-maladie du Québec. De mon côté, après une petite enquête, j'ai eu l'information comme quoi la fonction publique canadienne étudie la possibilité de rembourser le coût de ce traitement pour les fonctionnaires fédéraux: c'est un signe des temps très encourageant, sachant que le cannabis médicinal est de plus en plus utilisé comme traitement pour plusieurs maladies. Donc quelque part en 2020, les fonctionnaires fédéraux du Canada pourront se faire rembourser leur cannabis médicinal. C'est donc dire que mes factures de cannabis médicinal me seront remboursées bientôt. 

Courage les fonctionnaires, ça s'en vient...

Sur un autre plan, je pense que les personnes affectées par l'encéphalomyélite myalgique devraient pouvoir accéder à ce traitement pour les soulager: la question financière ne peut cependant pas être ignorée, et je me demande comment et quand cela sera approuvé officiellement par l'État québécois comme traitement autorisé et remboursé. C'est une question d'éthique, il me semble, et de droits humains aussi. C'est bien qu'il y ait certains médicaments qui aident les personnes malades à gérer leur état de santé, mais il importe aussi que le cannabis médicinal soit aussi accessible pour tous, et surtout à des coûts raisonnables.

En terminant, j'oubliais de mentionner que depuis près d'une année, je suis arrivée à me sevrer d'un  un opiacé et deux autres antidouleurs. Chouette non?  :)

En conclusion, le cannabis médicinal a des effets positifs sur ma santé bien que ça ne règle pas tout, bien entendu. Mais quand on vit avec des maladies chroniques, même un tout petit d'aide peut aider à vivre au quotidien. 


Et vous, utilisez-vous du cannabis médicinal? 
Quels sont les effets sur votre santé? 

🌻


Pour lire les autres billets sur le sujet: 





mardi 14 janvier 2020

Ma vie avec l'EM en 2020

Armée de ma tisane brûlante, je porte au moins trois couches d'habits sur moi et deux paires de bas épais dans les pieds. Je suis surgelée, mais bien contente de vous retrouver en 2020. 

Aujourd'hui, j'ai envie de vous jaser de ma vie avec l'encéphalomyélite myalgique.

Prêt? On y va...


On débute avec une petite tranche de vie toute fraiche d'hier. 
Je me suis rendue à l'hôpital pour passer un test sanguin demandé par mon médecin de famille.

Ça aurait dû être réglé avant les Fêtes, mais pourtant ce n'est pas le cas. Avant Noël, je me suis rendue au même hôpital pour faire le dit test.

Mais on m'informe que j'aurais dû prendre un médicament la veille, médicament qui aurait dû être prescrit par mon médecin. Il ne m'a jamais parlé de ce médoc. Je suis sortie de là décontenancée. J'ai appelé deux fois à la clinique avant d'obtenir la prescription. Comme j'étais en crash, j'ai dû attendre de remonter ma batterie énergétique pour me rendre finalement hier et refaire ce test. Ben non, pas possible encore de le faire...

On m'informe que mon médecin aurait dû aussi remplir un formulaire spécifique qu'on me remet (la maison des fous, vous connaissez?) sinon je ne peux pas faire ce test. "Désolée, madame". Dieu merci, il y avait au moins cette infirmière qui était désolée pour moi. Pour le commun des mortels, retourner faire un test est peut être fâchant, mais physiquement c'est encore faisable. 

Mais dans le cas d'une personne affectée par l'EM, c'est terriblement énergivore. Ce qui est banal pour les gens en santé se révèle être une épreuve physique quasi digne des olympiques pour les PAEM. Ça demande une telle énergie physique et mentale d'arriver à se mobiliser pour se rendre quelque part, et peut être pire encore dans un centre de soins. 
Il y a beaucoup de bruits, beaucoup de monde. Et quand on me parle, ça va souvent trop vite.
Je dois souvent faire répéter les consignes, et plus d'une fois.

C'est difficile de faire comprendre tout cela non seulement à madame et monsieur tout-le-monde, mais on dirait que pour un médecin -en tout cas le mien-, ça ne semble pas être quelque chose de compréhensible. Pourquoi? Je ne vais pas m'étendre sur la question, mais reste qu'en 2020, la reconnaissance de ce qu'est cette maladie, et ses impacts physiques intenses sur le malade ne semble pas être encore passé dans les cursus universitaires de médecine, ni dans les instructions de soins médicaux des médecins et infirmières. Tests dans les hôpitaux, vous dites? Terrible pour les personnes affectées par l'EM. Si jamais ça vous tente d'approfondir ce sujet, je vous suggère de lire cet article paru dans le journal Le soleil. On y explique comment un médecin est en train de changer sa façon de faire, mais concentrez-vous sur le comment ses personnes âgées sont en perte de vitesse et comment le déplacement vers les hôpitaux est aussi terrible pour elles. Ce qui me saute encore aux yeux, c'est que  les personnes affectées par l'EM sont comme ces aînés, et devraient aussi bénéficier de mesures spéciales pour éviter les nombreux déplacements énergivores dans les hôpitaux ou CLSC, ou à tout le moins qu'elles puissent avoir accès aux mêmes services que les aînés. Qui eux-mêmes, en manquent soit dit en passant. Les PAEM sont physiquement "des aînés" en perte de vitesse,  mais quand cela sera-t-il compris par le système médical au Québec, ou même juste son médecin de famille? En attendant, les PAEM et les aînés -nos semblables- continuent de souffrir de ce monde à l'envers: nous devrions pouvoir être suivi dans nos maisons par du personnel médical compétent, et qui savent ce qu'est vraiment l'EM...



Je suis une astronaute qui s'ignore. Hier, je racontais à une amie comment mon corps et mon esprit sont lourds et embrumés. Avec une forte impression de vivre dans un habit d'astronaute raide et encombrant. Je sens  comme si mon corps est gauche, pesant et lourd. Mon esprit est un peu dans le même état: pesant, en manque de vivacité. Je vis donc un peu plus au ralentie qu'avant. Ça vient avec l'habit d"astronaute, parait-il.  Ma démarche est aussi plus lente, tout comme ma pensée qui semble sérieusement au ralentie. Quand on me parle même calmement, j'en perds parfois des bouts: je sens comme si mon cerveau fournit un effort intense pour interpréter ce qu'il entend. Je finis par comprendre ce qu'on me dit, mais la personne est déjà en train de parler d'autre chose. Je ne sais pas, je n'arrive pas à expliquer plus clairement que cela. Comme si le tableau de bord qu'est mon cerveau est en train de faire du taïchi. Son fonctionnement est lent et ardu, il me semble. Ben voilà, il est comme ça, pour le moment à tout le moins. Y a-t-il un lien avec l'inflammation du cerveau? Probable que oui. Ça fera partie de mes questions pour mon rhumatologue :)




Confort et chaleur. Il y a des années que je me suis débarrassée des vêtements que je portais quand je travaillais. Maintenant, c'est la vie pratiquement non stop en coton ouatés et les matières chaudes et confortables. Pratique! Fini depuis longtemps les bas nylon...Reste que ça m'a quand même frappé pendant la période des Fêtes lorsque je cherchais un petit quelque chose de chic à porter, sans en trouver vraiment. Alors je me organisée pour que mon coton ouaté passe la rampe de Noël en ajoutant une touche de brillant. Dans ma garde-robe actuelle, tout est en fonction du confort, et je vous le donne dans le mille, j'ai plus de vêtements d'hiver et d'automne que de toute autre saison. Qui dit mieux? On dirait que je vis en Antarctique dans mon petit coin de pays. Mais je préfère encore geler que de vivre les terribles canicules...



Manger.....Un autre nerf de la guerre pour les PAEM: se préparer de la bouffe. Mon ami le pain et moi, on doit parfois se laisser un peu pour que j'arrive à me cuisiner quelque chose digne de ce nom, mais encore faut-il avoir de l'énergie pour cela. J'ai un paquet de livres de recettes (parlez-en à mes filles...), mais je suis en pleine recherche pour trouver d'autres recettes, et qui sait, trouver des petites merveilles qui peuvent m'aider à m'alimenter sainement. La variété, ça fait quand même du bien de temps à autre. Je lorgne du côté des recettes de Caty, de K pour Katrine ou bien les recettes de Ricardo.

Ma dernière trouvaille? Le déjeuner (ou dessert) en pot...

Voici la recette: 

-1 tasse de gruau rapide
-1 tasse de lait, lait d'amande ou yogourt nature
-2 tasses de fruits décongelés (fraises, bleuets etc)
-3 cuillère à table de graines de chia
-3 cuillères à table de sirop d'érable ou de miel-
-1 cuillerée de vanille


On passe le tout au robot, et on met le tout dans des petits pots mason au réfrigérateur pendant toute une nuit. Au matin, vous avez un petit déjeuner sain et nutritif. Si vous préférez chaud comme moi, passez le bol quelques minutes au micro-ondes. On peut aussi en manger en dessert.  Au repas du soir, je prépare ma mixture que je consomme les jours suivants. Très bon :)  J'explore de nouvelles recettes végétariennes aussi: le soir, je dois vraiment manger léger, pas de viande car plus long et complexe à digérer pour mon corps en perte d'énergie. D'ailleurs, je remarque qu'après chaque repas, mes pieds et mes mains sont encore plus gelées, réaction typique du corps qui concentre son énergie vers l'estomac pour la digestion. 



Sécurité. Je ne sais pas pour vous, mais moi j'ai remarqué que je me sens un peu plus insécure que d'habitude: pas de mesure bien entendu, mais je vois bien que mes réactions vont en ce sens. Est-ce lié au fait que j'en ai perdu physiquement depuis quelques moi ? Bien possible. Plus faible, moins vigoureuse et en perte d'énergie, ça ne peut logiquement que peser sur le sentiment d'insécurité que j'éprouve dans mon corps. Quand je marche dans mon quartier ou ailleurs, je suis plus méfiante, plus vigilante qu'avant. Je sors mes "antennes" de détection de danger et je surveille si quelqu'un me suit (on sait jamais hein?) ou si...ben je ne sais pas dans les faits. Mais une chose est certaine, je suis plus en état d'alerte quand je suis dehors. Et je barre ma porte à triple tour, évidemment...


Les pertes. Vivre avec l'EM signifie aussi souvent vivre avec des pertes, qui une à une, compose notre vie au quotidien. J'ai constaté que la lecture est devenue plus difficile pour moi. Il y a encore quelques mois, la vue d'un pavé m'enchantait, et je m'y serais attaqué sans problème. Force est de constater que je n'ai plus d'attirance pour les pavés maintenant, et j'ai beau tenter de lire presque chaque jour, je n'arrive pas à me rappeler l'histoire ou bien je perds facilement le fil puis finalement la motivation...Ça m'a pris du temps avant de m'en rendre compte, mais c'est un fait. Et j'avais conservé l'ancien réflexe de me charger de livres pour en avoir tout un choix sous la main. Maintenant, j'en prends beaucoup moins, et je ne force plus de lire si jamais la motivation tombe en cours de route. Autre constat: je tombe en crash plus rapidement depuis quelques mois. Ce que je pouvais faire dans une journée, je dois maintenant subdiviser les tâches ou activités, et les étaler sur une plus longue période de temps. Ainsi, si j'ai un rendez-vous médical le matin, je n'ai rien d'autre de prévu dans la journée, c'est à dire pas d'autres rencontres ou rendez-vous. Je dois me limiter à une activité par jour sous peine de me retrouver en crash pour plusieurs jours. Et on ne veut pas ça, un crash...


Je viens d'avoir l'appel d'une amie qui vient me rendre visite. J'avais complètement oublié de confirmer avec elle qu'elle pouvait venir: ma mémoire est trouée comme une passoire! J'étais certaine d'avoir répondu, mais non ce n'était pas le cas. J'oublie aussi des paiements, je perds la notion du temps, j'oublie, j'oublie...Le tableau de bord fait son possible. Il est temps de mettre en place des astuces pour pallier à ma mémoire défaillante!

Pour ceux qui aimerait en savoir un peu plus encore sur ce que signifie vivre avec l'EM, voici une suggestion de video transmise par un lecteur: https://www.youtube.com/watch?v=J7gTyLSL2DA


Et vous, comment se passe votre vie avec l'encéphalomyélite myalgique?


Au plaisir de vous lire :)

🌻

dimanche 15 décembre 2019

Mes voeux pour 2020





Voilà plusieurs jours que je réfléchis à mes voeux pour la communauté des personnes affectées par l'encéphalomyélite myalgique (PAEM).  Et si j'étais une fée à la baguette magique, voici les voeux que je m'empresserais d'accorder. 


Tout d'abord, je pense aux PAEM qui pour le moment, sont dans l'obligation de travailler malgré leur état de santé fragile : j'espère sincèrement que vous arriverez à trouver des solutions (ou qu'on vous y aidera), pour arriver à vous extraire du tourbillon du marché du travail, si tel est votre souhait. Je vous souhaite une vie au ralentie, et de pouvoir vous reposer -terme bien relatif j'en conviens-, mais combien prioritaire à notre état de santé invalidant...


Aux PAEM qui se battent présentement contre leur assureur, leur employeur ou le gouvernement afin de faire reconnaitre leurs droits, je vous envoie une dose homéopathique de courage à travers ces lignes, si cela se peut.  Gardez espoir, gardez courage! Collez-vous à ceux qui peuvent et savent vous aider, vous soutenir, et vous accompagner dans le respect de leurs limites et des vôtres. 






Aux PAEM qui vivent de l'incompréhension de la part de leur conjoint, leur famille et amis face à leur maladie, je vous souhaite de trouver enfin une compréhension profonde, de l'empathie et un soutien inconditionnel face aux difficiles réalités physiques et mentales que vous vivez présentement. Sincèrement. Parce que vous le méritez tellement...


À celles qui vivent une profonde solitude difficile à porter jour après jour, je vous souhaite de découvrir de nouvelles avenues pour que cela vous soit plus supportable, et pourquoi pas, faire connaissance avec des personnes qui vous aideront à combler ce besoin important...


À celles qui vivent "en groupe" mais qui ressentent un besoin viscéral d'être seule, je vous souhaite de pouvoir trouver comment faire pour vivre un peu plus selon votre besoin. Vivre dans le calme peut y contribuer sans aucun doute, et s'il vous faut un ermitage ou une montagne solitaire pour ce faire, j'espère que vous les trouverez et que vous y vivrez des heures très douces...






Aux PAEM alitées et qui liront peut être difficilement ces voeux, je vous souhaite une dose d'amour et d'espoir, à l'image de Whitney Dafoe, qui du fond de son lit, nous redit qu'à tout moment, la vie peut prendre un autre tournant, et changer du tout au tout. J'espère de tout coeur que votre entourage est bienveillant envers vous, et que vos besoins essentiels et profonds sont comblés. Gardez courage!


Si on dit que les mots sont importants, j'espère de tout coeur que ces voeux changeront quelque chose dans le coeur des PAEM et ceux de tout ceux qui les entourent. Je vous souhaite de prendre le temps de vivre, le temps de s'écouter respirer malgré et avec le rythme fou par lequel la vie se déroule parfois. 

Aux PAEM qui vivent des heures heureuses avec leurs familles et amis, je vous souhaite de beaux moments de plaisir. Que ce bonheur vous procure amour et joie, mais surtout, un épanouissement profond pour vous et les vôtres. 


Pour toutes les PAEM, je nous souhaite de développer un bon sens de l'humour (ouf, on a en bien besoin parfois), de la patience, et de la persévérance. Je nous souhaite de développer et de compter sur nos propres forces intérieures et nos capacités personnelles pour arriver à vivre au quotidien avec l'EM, et demeurer équilibrés

Enfin, je nous souhaite de prendre soin de nous du mieux possible.


Joyeuses Fêtes! 

🌻


vendredi 29 novembre 2019

Mes indispensables du quotidien

📌  🔍

Aujourd'hui je vous présente mes indispensables du quotidien, ces petites choses qui, mine de rien, nous facilite la vie quand on vit avec des maladies chroniques comme l'encéphalomyélite myalgique ou la fibromyalgie. Tout est -presque- bon à prendre pour s'aider et économiser nos maigres forces physiques. 

Est-ce que vous retrouvez certains de vos indispensables chez vous?




Le fameux banc pour la douche....Quand j'ai compris comment prendre ma douche debout me prenait passablement d'énergie, je me suis équipée avec un banc. Celui-ci est le deuxième que j'ai trouvé pour quelques dollars dans un magasin d'articles usagés, et c'est un véritable banc "médical" dont la hauteur est réglable. Je ne m'en passerais plus! Prendre ma douche assise est devenue maintenant tellement évident et normal que je ne l'envisage plus debout ou en cas de force majeure (et encore). Une option à considérer pour vous, si ce n'est déjà fait, pour sauver de l'énergie et assurer aussi un côté sécuritaire pour ne pas tomber dans la douche.







Assise sur mon banc de douche, j'ai installé à portée de main et à ma hauteur, ce petit truc à ventouse qui s'accroche facilement dans la douche. Pas besoin de me lever, tout juste à étirer le bras pour saisir ce dont j'ai besoin. Bon, je ne peux pas cacher que c'est du Ikea :)   Il y a plusieurs formats disponibles, dont des contenants un peu plus gros. Très pratique, ça dégage la douche d'un paquet de bouteilles souvent accroché autour du pommeau de douche. Et pour moi, pas besoin de me lever, tout est là....






Une épingle à linge....Mais pourquoi donc? Pour bien fermer les rideaux de ma chambre afin qu'elle soit plus noire que la nuit, si cela se peut! J'ai des rideaux foncés mais j'ajoute quand même cette épingle pour ne pas voir ne serait-ce qu'un peu de lumière. Pour moi, c'est un besoin très important: mon sommeil est si difficile, que je mets tout en mon pouvoir pour le faciliter. Associé à cela, mes super bouchons d'oreilles de 32 décibels sont mes armes plus du tout secrètes pour tenter d'obtenir ne serait-ce que quelques heures d'un sommeil....pas du tout réparateur.















Une des difficultés quotidiennes que j'éprouve, c'est d'arriver à ouvrir des contenants ou des pots: j'ai très mal aux mains et en bonus, elles sont sans force. Moi qui avait toute fière, lorsque jeune, j'ouvrais les pots difficiles pour ma mère en un rien de temps! Là, c'est moi qui n'y arrive plus. 

J'utilise des gants de vaisselle: ça donne de la prise, et ça m'aide vraiment à ouvrir ces fameux contenants qui me résistent, grrrrrr. Un autre truc: placer une bande élastique autour du couvercle du pot, et tournez. Ça fait aussi le travail :)  


















Je vous ai déjà parlé de ma canne pliante: j'y reviens, car je l'apprécie beaucoup. Elle se plie facilement, comme un poteau de tente de camping, et se remonte aussi facilement. Je ne m'en passerais plus non plus: ça m'aide à assurer mon pas avec mes jambes pas trop solides parfois. L'autre avantage, c'est que ça m'oblige à marcher lentement: on ne peut pas marcher vite avec une cane, oubliez ça. Marcher avec ma canne soutient aussi mes efforts pour ne pas me retrouver en malaise post effort ou "crash". Cette année, une petite innovation sur ma canne: j'ai fait installer un crampon rétractable pour pouvoir continuer à marcher dans la neige ou la glace. C'est plus sécuritaire ainsi, et ça va aider mon pas à être plus solide pendant l'hiver rigoureux que nous vivrons. Je suis allée dans une pharmacie Jean Coutu et une employée l'a installé pour moi. L'installation est gratuite, et le crampon coûte environ dix dollars. Un bon investissement 👍 



Voilà, mon pneu d'hiver est installé :)










Je me suis équipé d'écouteurs sans fil: ils sont confortables, et couvrent toute l'oreille. Je l'utilise pour toutes sortes de choses, mais principalement pour couper les bruits forts autour de la maison, surtout l'été bien entendu, où les réparations des rues font un tapage incroyable. Ils sont pratiques aussi dans les transports en commun quand le bruit est trop élevé: ça coupe les bruits pour vrai. Je ne mets pas de musique pour entendre quand même un peu ce qui se passe et ne pas être totalement coupée de l'environnement. Je l'ai utilisé plusieurs fois dans le métro, et ça m'aide vraiment à contrôler les bruits environnants et ainsi, à m'épuiser moins vite. Mon cerveau est tout content! Comme les autistes, j'ai besoin de réduire les bruits environnants sinon mon coeur se met à battre comme un fou, et là, l'énergie chute royalement. Les écouteurs m'aident à calmer l'adrénaline qui a tendance à monter quand je me retrouve dans la foule du transport en commun.





Un célèbre incontournable: la couverture électrique.....Carrément le bonheur! Je ne m'en passerais plus tellement c'est merveilleux. 

Je ne sais pas pour vous, mais dès que septembre se pointe, j'ai l'impression que mon corps aussi veut entrer en hibernation, et je me retrouve gelée juqu'aux os quasi en tout temps. Les pieds et mains gelés ne sont pas un phénomène spécifique à l'encéphalomyélite myalgique: il y a aussi les personnes souffrant du syndrome de Raynaud qui en souffrent, et fort probablement d'autres maladies.

30 minutes avant le dodo, ma couverture  électrique est à l'oeuvre: j'entre dans des draps tout chauds. Même avec cette chaleur bienfaisante, ça me prend quand même près de 45 minutes pour arriver à réchauffer ce corps frigorifié et détendre les muscles. Pratique aussi: après deux heures, le tout s'éteint tout seul. 

Faites votre demande au Père Noël, ça en vaut vraiment la peine :)  Vous m'en donnerez des nouvelles.







Ce produit est un analgésique en gel à bille: on secoue bien le produit et on l'applique aux endroits douloureux tels que les trapèzes, les bras, les jambes etc.  Le gel donne une sensation de chaud/froid assez étonnant: les premières minutes, rien ne se passe. Ensuite, c'est la montée de l'effet: assez intéressant. Par contre, cela peut s'avérer trop intense pour certaines personnes, alors je vous conseillerais de l'essayer sur une petite surface de votre corps avant de l'appliquer à plus grande échelle. Lorsque les douleurs aux jambes sont trop intenses, ce produit m'aide à mieux gérer. Se vend en pharmacie au coût de 15-20$. J'ai aussi vu le même concept dans une marque différente, à moindre coût.












Mon dernier indispensable, mais plutôt personnel : des plantes, de la verdure en tout temps et en tout lieu :)   Mon environnement est vert, plus que vert, et j'adore. C'est une passion de longue date, et elle n'est pas près de s'éteindre! Je leur parle le matin en me levant, je les chouchoutent et je prends soin de chacune. Je me fais des sessions de jardinage intérieur, j'adore ça. C'est du vivant autour de moi. Que dire d'autre sinon que c'est mon petit paradis?


Et vous, avez-vous de ces indispensables utiles, et dont vous ne vous passeriez pas? 

Si oui, lesquels? 


Au plaisir de vous lire ici ou sur Facebook. 

🌻


vendredi 22 novembre 2019

Ajout de diagnostic et visite à la clinique de la douleur


Jongler avec un autre diagnostic (Source: pixabay)


Il y a une semaine, je me trouvais dans le bureau d’un généticien au CHUM. Au printemps dernier, j’apprenais qu'un membre de ma famille vit avec le  syndrome de Marfan. Par la suite, j'ai fait les tests pour vérifier si j’étais aussi atteinte.

Rencontré en septembre dernier, le généticien m’a expliqué qu’il s’agit tout juste de faire une prise de sang, et ma fiole a été envoyée dans un labo externe. En me regardant de la tête au pieds, le généticien m’a dit que je n’avais pas le « look » du syndrome de Marfan. De fait, il y a certains traits physiques particuliers reliés à cette maladie.

La semaine dernière, je recevais les résultats. Une surprise m’attendait : un document imprimé qui révélait les tests effectués, et la confirmation que je suis atteinte de cette maladie génétique. Je ne m’y attendais pas, surtout après l’affirmation du médecin en septembre. C’est le cas de le dire, j’ai été prise par surprise… 

Je vais être claire : ma vie n’est pas menacée dans l’immédiat, et selon les tests cardiaques effectués récemment, mon cœur est ok, pas de problème d’aorte. Pour le moment, du moins. Ce que j’ai trouvé difficile, c’est le fait que l’annonce de ce diagnostic s’est faite comme ça, sans rien de prononcé autre que les tests faits. Pas de counseling de la part du médecin. Oui, il m’a donné quelques informations pertinentes sur ma santé et sur la maladie, expliquant la procédure pour que mes enfants soient aussi testés. Mais sans plus. 

Ce qui était difficile, c’est le fait que le médecin n’a pas cherché à vérifier comment je recevais cette nouvelle. Ne m’a pas posé la question si ça va, si je suis accompagnée etc. Ce n’est pas que je pleurais ou quoi, non. J’étais juste là, sidérée, à l’écouter ou du moins tenter de l’écouter au travers du brouillard épais dont était enveloppé mon cerveau. Rien. J’ai pris le document que j’ai soigneusement plié, j’ai regroupé mes effets et je suis sortie de son bureau. Confuse, je cherchais par où j’étais venue. J’étais perdue dans ma tête, j’étais perdue dans le couloir. Toujours 
« assommée » en cherchant comment ressortir, j’ai fini par retrouver mon chemin non sans l’avoir refait trois ou quatre fois.  J’étais lessivée physiquement et mentalement. Rien ne sortait, pas même une larme.

C’est le pilote automatique qui a pris le relais : j’ai préféré prendre le métro, j’avais besoin de me retrouver parmi les badauds et non pas de sauter dans un taxi. Je sais, c’est un non sens, car je suis vidée. Je voulais sentir la vie autour de moi. Embrumée toujours, je suis parvenue à rentrer à la maison. Purement réflexe, j’ai appelée chacune de mes filles pour leur annoncer cette nouvelle.  Et c’est suite à cela que j’ai pu me laisser aller…J’ai pleuré de tristesse, de colère. Non mais! Une autre couche de maladie sur les autres couches?! Oui, très en colère.

Comme si mon corps me trahit une nouvelle fois. Depuis, j’ai repris mes esprits. Je ne sais pas si j’ai tout réglé émotivement, mais déjà, je sens que je reprends pied. Mes trucs? Se permettre de pleurer, d’exprimer sa peine avec une personne de confiance, si possible. Ou même seule. Ce que j'ai fait en pleurant tout mon saoul. J’ai discuté avec des amis proches, ça aide. L’autre truc : augmenter les sessions de méditation. Si la concentration est difficile, je passe de 20 à 10 minutes de méditation, quitte à méditer à nouveau dans la journée. Calmer le mental, calmer le système nerveux. Le nourrir de silence, de respirations lentes et calmes...Sinon y  a pas de recette miracle, on le sait tous. Chaque personne a ses trucs propres à lui dans ces situations.

Je ne suis certes pas la seule à recevoir un autre diagnostic par-dessus ceux avec lesquels je vis déjà : encéphalomyélite myalgique, fibromyalgie, syndrome des jambes sans repos, bursite des deux hanches, amen…Je concède que ce n’est pas un cancer agressif dont je souffre, et ma vie n’est pas menacée dans l’immédiat. Reste que ça provoque des réactions tout à fait normales et humaines.  

Pour ce qui est du généticien avec lequel je ne me suis pas sentie soutenue, je ne suis pas la première à noter cette lacune dans le monde médical. Comment rendre cette étape plus humaine?  J’aurais souhaité que le généticien prenne ne serait-ce que 5 minutes pour discuter avec moi.

Imaginons un peu comment un dialogue médecin-patient agréable et pertinent pourrait être...


Généticien : Madame, quel effet vous fait ce diagnostic? Comment vous sentez-vous?

Moi : Je suis sous le choc, j’avoue. C’est une couche supplémentaire de diagnostic avec les autres que j’ai déjà….

Généticien : Oh je vois. Ça en fait beaucoup pour vous aujourd’hui, si je comprends bien ce que vous me dites?  

Moi : Oui, c’est ça….Ça fait beaucoup pour moi.


De mon point de vue, il n’était pas nécessaire de consacrer plus de quelques minutes pour vérifier comment se sent un patient. Et ces quelques paroles échangées peuvent faire une vraie différence pour que le patient reprenne pied du moins temporairement, et qu’il se sente soutenu. Ce n’est pas parfait, mais c’est déjà un pas pour vérifier comment le patient reçoit la nouvelle. Un counseling de quelques minutes seulement permet d’accueillir le patient, et de lui envoyer un message clair que l’on prend soin de lui, dans l’ici et maintenant avec la nouvelle qu’il vient de recevoir.


Visite à la clinique de la douleur du CHUM

Autre tranche de vie médicale : il y a deux jours, j’étais à la clinique de la douleur du CHUM. Ce jour-là, j’en ai pris pour mon rhume car j’avais des préjugés avant de me rendre à ce rendez-vous. Avec les deux médecins qui m’ont reçu, nous avons fait le tour de ma santé sans oublier tout ce que j’ai pu essayer comme médicaments depuis dix ans maintenant. J’ai à peu près tout essayé, et je ne me lancerai pas dans la liste de médicaments, il y en a des pages. Il reste une seule solution pour me soulager, et ce sont des perfusions de kétamine. Je réfléchis à cette solution, et je rendrai ma décision plus tard.

Il faut dire que la référence à cette clinique date de….2012. Oui, vous avez bien lu : sept ans avant d'être appelée à cette clinique! Donc depuis, je me suis débrouillée seule -et certains médecins- -, pour gérer mes douleurs. 

Les préjugés que j’avais étaient ceux-ci : j’étais convaincue qu’on chercherait à me convaincre d'essayer des techniques spéciales ou même qu’on me déconseillerait fortement de continuer à prendre du cannabis médicinal pour traiter mes douleurs. J’étais complètement dans le champ : les médecins étaient chaleureuses et préoccupées par le niveau de douleurs dans mon corps, et j’apprenais que plusieurs de leurs patients consomment du cannabis médicinal pour soulager les douleurs. Vous voyez? Au contraire, elles ont pris en note certains effets bénéfiques.

Quant au récent diagnostic reçu, une des médecins m’a regardé et m’a dit : « ça fait une autre maladie de plus pour vous, hein? », je n’en suis pas revenue. Elle avait compris déjà ce que je ressentais. Avant même que je ne m'exprime là-dessus, elle avait déjà mis le doigt sur ce qui me faisait mal, soit les couches de diagnostic. En moins d’une semaine, j’avais rencontré un généticien disons, plutôt glacial, puis finalement, je rencontre des médecins spécialisés sur la douleur,  humains et chaleureux. Comme quoi il y a de tous les genres chez les médecins...

Où j’en suis?

Après deux semaines intenses en rendez-vous médicaux (médecin de famille, tests divers etc.), je suis vidée. Écrire tout cela me permet de faire le point dans mes tripes et dans ma tête. Et de vous le partager, car je sais que plusieurs se retrouveront dans ce que j’écris, c’est inévitable. Si je le vis, c’est que vous le vivez aussi! 

Dans les prochains jours, je mets en place un plan de chouchoutage plus marqué encore qu’à l’habitude :  lecture, méditation, télé, popote légère, siestes et bien entendu, mes petits bols d’air de marche essentiels dans le quartier. Il est temps de réduire les efforts en tout genre, et de me concentrer sur moi pour refaire des forces. Là, il est plus que temps de débrancher et de me reposer. Vraiment

🌻