Tous les parcours, chemins et sentiers menant au diagnostic d'encéphalomyélite myalgique (EM) sont uniques à chaque personne dans le monde. Voici le témoignage de Julie.
L'EM et moi
Je suis une
femme de 34 ans, conjointe et mère de 3 enfants.
De nature travaillante, fonceuse et active, j'exerce un métier dans le domaine de la petite enfance depuis une dizaine d'années. J'adore la course à pieds, le jardinage, la cuisine et assister de près aux sports pratiqués par mes enfants.
Voici donc ce à quoi ressemblait ma vie avant le 10 mai 2016... une date bien ancrée dans ma mémoire!
C'est le début d'un arrêt de travail, d'une multitude de symptômes, de rendez-vous, de tests médicaux, de questionnements, mais surtout le commencement d'une nouvelle vie...
Mon principal symptôme : une fatigue, énorme...difficile à quantifier, à expliquer. Le terme : "épuisement" serait beaucoup plus approprié. À cela s'ajoute une faiblesse intense des jambes, surtout au niveau des cuisses, où la douleur est tel une sensation de brûlure musculaire. Les vertiges, les problèmes de concentration, les frissons, les troubles du sommeil et digestifs, s'ajoutent au fur et à mesure que les semaines avancent. Au fil des mois, l'exclusion de plusieurs maladies se confirme et le diagnostic de l'EM s'est concrétisé en juin dernier.
Ma vie a donc drastiquement changée, tout comme celle de mes proches. Je me retrouve dépendante et en perte d'autonomie. Mon moral en prend un coup, je n'accepte pas du tout ce qui m'est imposé.
On dit que l'entourage fait une différence dans la "qualité de vie" de la personne atteinte, et pour ma part, j'ai cette chance. Mon conjoint, ma famille et les amis sont au rendez-vous, tous à leur façon.
Comment ACCEPTER ma nouvelle réalité ? Comment gérer la culpabilité que je ressens face à mes enfants et mon conjoint ? Comment gérer la colère et la tristesse qui m'envahit ?
J'ai choisi
de consulter une psychologue.
L'ACCEPTATION...
un grand mot, étalé sur un long chemin, qui nous appartient. Malgré le support
immédiat, il y a des étapes à traverser et pour ma part, elles ne sont pas
"linéaires". J'avance, je fais du sur-place, je recule... mais je
garde en tête que j'avancerai encore à un moment donné. Plusieurs deuils
sont à faire... de la personne que j'étais, du travail, du sport et de mon
indépendance.
La
dépression
Je m'y suis
mise les pieds pendant un certain moment... j'ai ressenti une grande détresse
m'envahir, un intense mal à l'âme... où l'on ne sait plus comment gérer ce que
nous vivons...
À une
certaine étape, je réalise que je peux avoir un contrôle, du pouvoir sur mon
humeur, contrairement à mon état physique.
Ma
gestion de l'énergie
-Prioriser
où ma précieuse énergie sera utilisée.
-Cibler ce
qui est le plus énergivore : la position debout, la marche, les longues
conversations en personne ou au téléphone, être dans un endroit public où les
bruits, les mouvements et l'éclairage deviennent difficile à gérer.
-J'utilise
un fauteuil de transport pour mes déplacements à l'extérieur de la maison. Si
par malheur, je sortais pour une courte période, c'était le "crash"
assuré. Ainsi, cela a eu un gros impact positif sur mon moral.
-Les
bouchons d'oreille pour réduire le bruit me suivent dorénavant dans mon sac à
main.
-De l'aide
pour les tâches ménagères et quelques repas font maintenant partis du budget.
-Lorsque je
peux cuisiner, je répartis la tâche en plusieurs étapes. J'ai dorénavant une
chaise sur roulettes dans ma cuisine. Pratique pour se déplacer d'une station à
l'autre.
-Faire un
horaire de planification non-surchargé pour les rdv et les sorties. Éviter le
stress et les émotions fortes, bonnes ou mauvaises.
En gros, je
me donne le droit d'être heureuse. Je me permets de faire quotidiennement
quelque chose qui me donne le sourire et qui me permet d'être dans le moment
présent.
Régulièrement,
à la fin de ma journée, je pense ou j'écris ce que j'ai eu de positif, aussi
petit ou banal pour autrui... je le fais pour me détacher de la maladie, pour
comprendre ce que je suis entièrement, autre qu'une personne atteinte de
l'EM/Scf...
La maladie
m'amène à prendre conscience de ma vie et des valeurs de base que j'avais
d'ancrées en moi, et que par le rythme effréné... on oublie... parfois... J'en
suis donc aujourd'hui, à me redéfinir en tant que personne, à garder espoir...
Je dois m'écouter et me respecter...
À vous tous
et toutes, je vous souhaite douceur et chaleur,
Julie
Terrebonne,
Québec